En pensant à toutes les bonnes âmes qui sont persuadées qu’on ne doit pas faire état de différends entre membres de la « famille », je m’étais dit que je m’abstiendrais. Mais je ne peux pas m’empêcher de signaler que je trouve absolument navrant le fait que « le laïc de l’année », pour Le Salon Beige, soit le grand-duc du Luxembourg.
Le grand-duc Henri est celui qui a supprimé de tous les actes grand-ducaux la mention « par la grâce de Dieu » (Nous, Henri, par la grâce de Dieu Grand-Duc de Luxembourg).
Il est de notoriété publique qu’il souhaitait supprimer de la Constitution la mention selon laquelle il doit « sanctionner », c’est-à-dire approuver, une loi avant de la promulguer. Il a pris pour prétexte la loi sur l’euthanasie, qui lui posait un problème de "conscience", pour accélérer la chose.
Dans son « discours de Noël », il a explicitement revendiqué la révision constitutionnelle :
« La révision constitutionnelle que le gouvernement, avec le soutien de l’ensemble des groupes parlementaires présents à la Chambre des députés, vient d’engager en mon nom (c’est lui qui souligne) et qui va dans le sens où je l’entends (c’est lui qui souligne), ne constitue aucunement un expédient. Il s’agit d’une mesure nécessaire permettant d’adapter la Constitution à la pratique. Il ne revient pas à un seul individu de remettre en question les décisions des représentants de notre peuple. Les lois sont votées par la seule Chambre des députés. »
Au nom de la démocratie, on doit accepter la loi sur l’euthanasie. Ceci est expressément contraire à l’enseignement de l’Eglise, notamment d’Evangelium vitae (encyclique à laquelle Jacques Chirac avait répondu : « Non à une loi morale qui primerait la loi civile », c’est précisément ce que fait le grand-duc.)
Et il termine en remerciant « toutes les forces politiques d’avoir soutenu, et ce, aussi promptement, cette modernisation si importante et nécessaire de notre Constitution ».
Enfin, si la réforme constitutionnelle est définitivement adoptée, et la loi sur l’euthanasie dans la foulée, selon la volonté du grand-duc, elle sera ainsi libellée :
Nous Henri, Grand-Duc de Luxembourg, Duc de Nassau,
Notre Conseil d’Etat entendu;
De l’assentiment de la Chambre des Députés;
Vu les décision de la Chambre des Députés du 19 février 2008 et du 11 décembre 2008 ;
Avons ordonné et ordonnons:
Art. Ier. Pour l'application de la présente loi, il y a lieu d'entendre par euthanasie l'acte, pratiqué par un tiers, qui met intentionnellement fin à la vie d'une personne à la demande de celle-ci. Par assistance au suicide il y a lieu d'entendre le fait d'aider intentionnellement une autre personne à se suicider ou de procurer à une autre personne les moyens à cet effet, ceci à la demande de celle-ci. (…)
Il ordonnera d’appliquer la loi sur l’euthanasie.
Eh bien non, cette personne n’est certainement pas l’icône du laïcat catholique.
Commentaires
Il est illicite, selon moi, d'élire un "catholique" de l'année, prendrait-on la précaution de mentionner "laïc".
Mon nom est chrétien et mon prénom catholique. Point final, nous sommes tous indignes d'être catholiques, alors n'instaurons pas ce genre de concours.
C'est avec grand plaisir que je retrouve Y. Daoudal après une longue absence prolongée par des difficultés de connexion. J'en profite pour présenter tous mes voeux pour cette année. En espérant, qu'elle soit meilleure que celle écoulée.
Merci pour son regard souvent décalé par rapport à la "famille". Cette liberté de ton fait du bien et est salutaire. Surtout dans cette affaire où ce vote est absolument sidérant. Après, il ne faut pas s'étonner que le français moyen se laisse abusé par la propagande médiatique...
Un salut également à Denis Merlin qui me semble faire une remarque de fort bon sens.
Facile de jeter la pierre! Laisser travailler les gens et les détruire après... vous saviez que le grand-duc était dans les choix, avez-vous parlé aux rédacteurs du Salon Beige?
Si non, votre attitude est déplorable : garder pour soi de quoi tuer ses frères alors que vous pouviez éviter cela est un fratricide. Et tout cela est bien est bien loin de la charité enseignée par Saint Paul.
"Mais je ne peux pas m’empêcher de signaler que je trouve absolument navrant le fait que « le laïc de l’année », pour Le Salon Beige, soit le grand-duc du Luxembourg."
Erreur: il faudrait plutôt écrire pour être plus précis: "« le laïc de l’année », pour LES LECTEURS du Salon Beige, soit le grand-duc du Luxembourg"
En effet, la sélection des finalistes se fait pas les lecteurs.
Le discours de Noël est en effet très décevant, mais ni le Salon Beige, ni vous-même, ne l'avez commenté en son temps pour éclairer les lecteurs et éviter ce choix inopportun.
Comme dit guillaume, ce discours n'a pas été relayé ici ou ailleurs.
"Mon nom est chrétien et mon prénom catholique": cette traduction est d'ailleurs erronée: cognomen, dans la phrase latine à laquelle vous faites référence, signifie surnom et non prénom. C'est ce qui permet de différencier les vrais chrétiens des chrétiens qui sont dans l'erreur.
Quand à dire "Chretien comme nom et catholique comme prénom", je ne suis pas du tout d'accord. Chrétien ne veut rien dire du tout, surtout dans le monde actuel, vu toutes sectes protestantes qui existent. Et catholique ne veut pas dire "bon catholique". Tout homme peut être catholique. C'est se prétendre "bon catholique" est un titre auquel on ne peut prétendre. Excusez moi, mais le jansénisme, c'est fini et c'est une erreur.
Par ailleurs, pourquoi ne pas avoir fait la remarque l'année dernière? C'est facile de détruire quand le laic ne nous plait pas et d'ignorer l'année précédente, car vous ne pouvez pas l'avoir raté.
@Marchot et @Phoque.R, je pense qu'il y a méprise.
Le positionnement du grand duc a été exposé depuis longtemps par Y.D dans "Daoudal hebdo" mais également sur ce site (par ex. : http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2008/12/12/luxembourg.html )
Le discours de Noël ne peut constituer une découverte pour les lecteurs attentifs et il n'y a donc pas de critique a postériori.
Le problème c'est que le prénom n'existait pas dans l'Antiquité. Le surnom en tenait lieu et s'ajoutait au nom de famille.
Si bien qu'en traduisant "cognomen" par "surnom" on ne rend pas la pensée. Un surnom aujourd'hui est la plupart du temps ridicule, alors que le sens n'est évidemment pas celui-là.
Nous n'écrivons pas pour des lecteurs de l'Antiquité, mais pour des lecteurs actuels avec leur culture actuelle.
Donc si nous voulons rendre l'idée exprimée par le texte latin, nous devons traduire par "prénom".
Je maintiens bien sûr qu'il n'y a pas de "bon" catholique, il n'y a que des catholiques point final. Et ce n'est pas du jansénisme, c'est du catholicisme.