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« Le premier droit du fœtus »

Lu dans Le Bulletin d’André Noël

Après la campagne visant à convaincre les femmes enceintes de s’abstenir complètement d’alcool pour protéger le foetus, voici qu’une autre vient d’être lancée pour, cette fois, mettre l’enfant à naître à l’abri de la nicotine. Il va sans dire, mais cela va mieux en le disant, que pendant une grossesse, il est nécessaire de renoncer à la cigarette et à l’alcool. Le problème n’est pas là. C’est le fondement éthique de ces initiatives qui nous « interpelle », comme l’on dit désormais.

C’est au nom des droits du foetus que la dernière campagne est mise en oeuvre par Michel Delcroix, professeur d’obstétrique à Lille et responsable de l’association « Maternité sans tabac », qui affirme que l’enfant, dans le sein de sa mère a pour « premier droit d’être non-fumeur, c’est-à-dire d’être normalement oxygéné » ; or, « la protection des non-fumeurs n’est donc pas appliquée pour les bébés à naître en France ». De ce fait, « Il se trouve que le foetus subit totalement la cigarette ou l’alcoolisation sans pouvoir s’en défendre » et cela provoque chez lui des « lésions cellulaires du système nerveux ». En conséquence, il entend que les « pouvoir publics » prennent l’initiative de « dépister » systématiquement les « consommations à risques (tabac, cannabis et alcool) » chez les femmes enceintes, « Nous le devons pour protéger enfin, comme tous les autres non-fumeurs, tous les bébés à naître » (Le Figaro du 29/12).

On ne sait s’il faut rire ou pleurer de cette inversion des priorités! Le premier droit de l’enfant en gestation n’est pas d’être « non-fumeur », c’est celui de naître ! Et s’il est vrai qu’il ne peut se « défendre » de l’intoxication par la nicotine et l’alcool, il ne le peut davantage contre la pompe aspirante ou le scalpel qui le tue. Pour tous ces enfants avortés, le tabac importe peu. Ils n’ont pas à redouter de lésions cellulaires puisque toutes leurs cellules seront détruites. Si nous devons, bien sûr, « protéger tous les bébés à naître », c’est non seulement contre le tabagisme mais avant tout contre leur mise à mort !

Voilà bien le paradoxe de notre société hygiéniste. On déploie mille efforts pour inciter les femmes à prendre soin du bébé qu’elles portent et, en même temps, il est de plus en plus facile de s’en débarrasser gratis, par la « pilule » du lendemain, délivrée dans les lycées aux adolescentes, par aspiration ou par acte chirurgical. Michel Delcroix semble avoir saisi ce paradoxe lorsqu’il affirme que l’on doit protéger le foetus « même s’il n’est pas une personne juridique ». Dans ce cas, ce n’est pas un sujet de droit ! Si ce n’est pas juridiquement une personne, c’est quoi ? Une tumeur ? Mais si on doit le protéger comme les « non-fumeurs » c’est qu’on reconnaît qu’il est une personne dont le premier droit est celui de naître, lequel conditionne tous les autres.

P.R.

Le Bulletin d’André Noël
23, rue Paul Vaillant-Couturier, 94700 MAISONS-ALFORT
banoel@wanadoo.fr

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