Sainte "européenne", Elisabeth naquit dans un contexte social de récente évangélisation. André et Gertrude, les parents de cet authentique joyau de la nouvelle Hongrie chrétienne, se soucièrent de la former à la conscience de sa dignité de fille adoptive de Dieu. Elisabeth fit sien le programme de Jésus Christ, Fils de Dieu, qui, en se faisant homme, "s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave" (Ph 2, 7). Grâce à l'aide de maîtres excellents, elle se plaça sur les traces de saint François d'Assise, en se proposant comme finalité personnelle et ultime de conformer son existence à celle du Christ, unique Rédempteur de l'homme.
Appelée à être l'épouse du Landgrave de Thuringe, elle ne cessa de se consacrer au soin des pauvres, dans lesquels elle reconnaissait les traits du Maître divin. Elle sut unir les dons d'épouse et de mère exemplaire à l'exercice des vertus évangéliques, apprises à l'école du saint d'Assise. Elle se révéla une véritable fille de l'Eglise, en offrant un témoignage concret, visible et significatif de la charité du Christ. D'innombrables personnes, au cours des siècles, ont suivi son exemple, en la considérant comme un modèle du reflet des vertus chrétiennes, vécues de manière radicale dans le mariage, dans la famille et même dans le veuvage. C'est à elle que se sont inspirées également des personnalités politiques, en y puisant une incitation à œuvrer à la réconciliation entre les peuples.
L'année internationale d'Elisabeth, qui a commencé à Rome le 17 novembre dernier, suscite de nouveaux élans pour mieux comprendre la spiritualité de cette fille de la Pannonie, qui rappelle aujourd'hui encore à ses concitoyens et aux habitants du Continent européen l'importance des valeurs impérissables de l'Evangile.
Monsieur le Cardinal, je forme des vœux fervents afin que la connaissance approfondie de la personnalité et de l'œuvre d'Elisabeth de Thuringe puisse aider à redécouvrir avec une conscience toujours plus vive les racines chrétiennes de la Hongrie et de l'Europe elle-même, en invitant les responsables à développer de manière harmonieuse et respectueuse le dialogue entre l'Eglise et les sociétés civiles, pour construire un monde réellement libre et solidaire. Puisse l'année internationale d'Elisabeth constituer pour les Hongrois, les Allemands et pour tous les Européens, une occasion plus que jamais propice pour souligner l'héritage chrétien reçu par les pères, afin de continuer de puiser à ces racines la sève nécessaire pour une abondante fructification du nouveau millénaire qui vient de commencer.
Lettre de Benoît XVI au cardinal Erdö, primat de Hongrie, pour le septième centenaire de la naissance de sainte Elisabeth, le 27 mai 2007.