Alors qu’elle accueille en décembre la prochaine conférence mondiale sur le climat à Poznan, la Pologne maintient son refus du PEC (paquet énergie climat), le plan de lutte européen « contre le changement climatique », censé être adopté avant la fin de l’année.
Le Premier ministre Donald Tusk a estimé que ce dispositif « conduirait à augmenter le prix de l'électricité de 90% ».
La Commission européenne propose notamment la mise aux enchères de chaque tonne de CO2 émise par l'industrie lourde à compter du 1er janvier 2013 et de consacrer les fonds ainsi recueillis à la transition vers une énergie propre.
La Pologne dont la production d'électricité dépend à 90% de l'exploitation du charbon juge ce plan trop coûteux pour son économie… et conduisant à une dépendance vis-à-vis du gaz russe. Elle mène la fronde avec d'autres Etats membres, dont les nouveaux entrants de l'Est, dans une même situation de dépendance énergétique.
Officiellement, elle refuse de miser sur une minorité de blocage à Bruxelles mais, en coulisses, elle fait savoir qu'elle peut le faire. Elle espère arracher que la mise aux enchères des quotas de CO2 se fasse de manière progressive, en augmentant un peu plus chaque année les quantités à partir de 2013.
« On ne peut pas se permettre de sauter dans la piscine sans savoir si elle est vide : ce plan comprend trop d'incertitudes, surtout en période de tsunami financier », justifie le secrétaire d'Etat à l'Economie chargé des questions internationales, Marcin Korolec.
Comme son collègue de l'environnement, il considère même qu'adopter le PEC avant le rendez-vous climat des Nations unies à Poznan, sous présidence polonaise, ferait mauvais effet: « Nous sommes comme les Chinois et les Indiens de l'UE: si on veut être exemplaires, soyons-le aussi pour ceux qui comme nous dépendent du charbon. Sinon, on va leur envoyer un mauvais signal. »
Même les Verts soutiennent le gouvernement : "Une mise aux enchères intégrale dès 2013 sera difficile pour l'industrie polonaise et constitue un risque réel pour sa compétitivité", dit leur président, Dariusz Szwed.
La France est prête à des compromis. "La Pologne entretient un lien culturel très fort avec son charbon. Certaines de ses plaintes, notamment concernant sa sécurité énergétique, peuvent être entendues", a estimé la secrétaire d'Etat française à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, mardi à Varsovie. Mais elle a souligné que l'UE devait arriver à Poznan avec une vision commune.
(D’après AFP)