Le site Eucharistie miséricordieuse publie un texte remarquable, intitulé « Benoît XVI explique les deux formes de succession apostolique », dont l’origine n’est pas clairement indiquée, et dans lequel les propos du pape (du cardinal Ratzinger, semble-t-il) sont cités de façon indirecte.
Quoi qu’il en soit, Ratzinger-Benoît explique que la théologie antignostique de la succession apostolique a permis d’aller plus loin dans la question du primat et de l'épiscopat. « Car, pour démontrer leur erreur, on n'oppose pas simplement aux gnostiques la dignité épiscopale de l'Église en général, mais on les renvoie aux sedes apostolicae, autrement dit à ces sièges qui étaient ceux des apôtres ou ceux des destinataires des lettres apostoliques. »
« Ces sièges épiscopaux-là sont les centres du témoignage apostolique, vers lesquels tous les autres sièges doivent converger. » (Suivent les témoignages probants de Tertullien et saint Irénée).
D’où les conclusions suivantes :
Dans le cadre de la question de la succession, la théologie chrétienne des premiers temps utilisait le terme d'« apostolique » dans un sens très précis et restreint. Elle qualifiait uniquement ainsi le nombre nettement limité de sièges qui entretiennent un rapport particulier et historiquement vérifiable avec les apôtres, rapport historique que ne possèdent pas les autres sièges.
La succession apostolique de tous les évêques ne revient aux évêques qui ne siègent pas sur un sedes apostolica - soit la majorité d'entre eux -, qu'après un détour par un siège apostolique. Ils ne sont donc pas « directement » apostoliques, mais seulement indirectement ; ils ne reçoivent, pécise Benoît XVI, de légitimation apostolique qu'en entretenant un rapport communautaire avec un sedes apostolique.
Parmi les sedes apostolicae se distingue le sedes apostolica de Rome, qui semble entretenir avec les autres sedes apostoliccae une relation à peu près équivalente à celle qu'entretiennent ces derniers avec les sièges non directement apostoliques. En cela il forme le critère ultime, véritable et suffisant en soi de la catholicité.
Il est clair que le caractère binaire de la théologie de la succession la plus ancienne, tel qu'il résulte de la mise en relief des sedes apostolicae, n'a rien à voir avec la constitution patriarcale plus tardive, à laquelle il peut certes avoir fourni un point de départ. La confusion, note Benoît XVI, entre la revendication originelle du sedes apostolica et la revendication administrative de la cité patriarcale caractérise la tragédie des démêlés qui commencent alors entre Constantinople et Rome.
De même que la « Nouvelle Rome » (qui ne pouvait songer à se qualifier d'« apostolique ») a brouillé l'ancienne idée du sedes apostolica au profit du concept de patriarcat, la Rome antique a renforcé la référence à son origine et à sa nature, toutes différentes de son autorité. Cette dernière représente en effet bien autre chose qu'une préséance honorifique entre patriarches; elle se place sur un tout autre plan, absolument indépendant de ce genre de concept administratif.
La substitution de l'idée des cinq patriarcats à l'ancienne idée théologique du sedes apostolica, qui fait dès l'origine partie de la perception que l'Église a d'elle-même, doit être comprise, affirme Benoît XVI, comme le mal véritable dans le conflit entre Orient et Occident - un mal qui a aussi contaminé l'Occident dans la mesure où s'est formée, en dépit du maintien du concept d'auctoritas apostolica, une conception largement administrativo-patriarcale de l'importance du siège romain, ce qui rendait difficile, pour une personne extérieure, la perception claire de l'objet authentique de la revendication romaine, dans la mesure où celle-ci se distingue elle-même des autres revendications.
Et voilà qui répond enfin clairement à la question que je m’étais posée en son temps, et que certains de mes amis trouvait futile ou sans intérêt: pourquoi Benoît XVI a-t-il supprimé de la longue liste des titres du pape celui de « patriarche d’Occident » ?
Commentaires
Merci pour cette lumineuse explication qui éclaire ce qu'on croit percevoir dans la stratégie de Benoït XVI, à l'égard de l'Eglise orthodoxe et dont l'aboutissement, si conclusion il y a, pourrait constituer l'évènement majeur à venir de son pontificat ...
Rome est le siège de la chrétienté;c'est la ville où Pierre et Paul subirent le martyre;pour un chrétien,tout part de Rome pour l'autorité et l'organisation.
On peut trouver l'original du texte repris pas Eucharistie miséricordieuse dans "La parole de Dieu. Écriture sainte - Tradition - Magistère", de Joseph Ratzinger, éd. Parole et Silence, 2007.
Le Christ a fondé son Eglise sur la foi de Pièrre, tu es le Christ le Fils du Dieu vivant, et non pas sur la personne, tu es Pière et sur ce roc je batirai mon Eglise.
Jésus a dit, je serai avec vous jusqu'a la fin des temps, c'est là la continuation de l'assemblée chrétienne, qui tien la légitimation pour prouver la lignée du Christ via les apôtres jusqu'a ce jour. L'Eglise Apostolique n'a pas besoin de siège, de Patriarche, d'archevêque, mais simplement trois ordres a savoir le diaconat, le presbyte, l'épiscopat.
Pour assurer cette continuité la filiation apostolique est nécessaire, et elle peut ce trouver dans n'importe quelle communauté ou même un simple êveque missionnaire. dépendant de l'Eglise Romaine ou pas, c'est sans importance.