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Les temps changent…

Le commissaire européen Peter Mandelson n’avait pas répondu, ni fait répondre, aux précédentes attaques de Nicolas Sarkozy, concernant les négociations de l’OMC, ou le référendum irlandais (quand il a accusé le commissaire d’avoir une part de responsabilité dans le non). Après les nouvelles attaques de lundi soir sur France 3 (reprenant textuellement ce que Sarkzoy avait déjà dit sur le sujet : « Je ne laisserai pas faire », etc.), le porte-parole de Mandelson a réagi, et Mandelson lui-même s’est exprimé, se disant « déçu » par ces attaques « fausses et injustifiées ». Et il n’est pas allé hier soir au dîner de l’Elysée, prétextant qu’il devait être aujourd’hui à Marseille, mais laissant ses proches dire qu’il n’était pas mécontent d’avoir un prétexte pour être absent de ce dîner. La réponse de Sarkozy est pitoyable : « Il doit certainement être ravi de la publicité que je n'hésite pas à lui faire quand je suis en désaccord avec lui. »

Ainsi le premier jour de la présidence française de l’UE a-t-elle été marquée par le Non du président Kaczynski et une polémique majeure entre le commissaire au Commerce et le président du conseil européen.
Cela est excellent.

Les Français voient qu’on leur a menti sur les 19 pays qui ont ratifié le traité de Lisbonne. La veille, ils avaient appris que l’Allemagne non plus ne l’avait pas ratifié. Et les propos de Lech Kaczynski, après ceux de Vaclav Klaus, installent peu à peu l’évidence que le traité est caduc.

D’autre part, on se garde bien de dire aux Français que les gouvernements n’ont aucune prise sur les négociations de l’OMC, qui sont du ressort exclusif de la Commission européenne. Tant Sarkozy que le Premier ministre irlandais tentent de faire croire qu’ils peuvent opposer leur veto (« Je ne laisserai pas faire », martèle notre président). Mais les Français commencent à comprendre que c’est faux, quand ils voient le porte-parole de Mandelson parler comme ayant une autorité supranationale, et qu’ils constatent que le commissaire européen renvoie Sarkozy dans les cordes, montrant qu’il ne discute pas avec le président français, fût-il président du conseil européen, mais avec Pascal Lamy, directeur de l’OMC et…ancien commissaire européen.

La prestation télévisée de Sarkozy a été remarquable. Il a voulu montrer que l’Union européenne allait pouvoir apporter aux Européens, et spécialement aux Français, des avantages concrets. Or, sur chaque sujet, comme l’a souligné Jean-Marie Le Pen, il montrait en réalité qu’il n’arriverait à rien puisqu’il fallait d’abord convaincre ses partenaires, et que sur tous les sujets évoqués les partenaires n’étaient pas d’accord. Ce que le correspondant à Bruxelles de The Economist dit en termes ironiques (cités par Henri Védas) : « La plupart des propositions que M. Sarkozy a faites lors de l'interview ont à peu près autant de chances d'être satisfaites par ses pairs européens et la Commission européenne à Bruxelles qu'en aurait un convive demandant un verre de lait lors d'un dîner français. » Et cela va se voir très vite.

Jean-Marie Le Pen disait hier que les contorsions de Nicolas Sarkozy ne changeront rien au fait que le traité est caduc.
On n’a pas fini de voir les contorsions de Sarkozy, de ses ministres et des apôtres de l’Europe supranationale, qui rivalisent de langue de bois dans les débats audiovisuels.

Mais tout cela se voit désormais comme le nez au milieu de la figure. Il y a eu une première grande prise de conscience lors des référendums de 2005. Le référendum irlandais a été l’occasion d’une nouvelle prise de conscience. On a franchi une nouvelle étape. Le vent ne souffle plus en direction du super-Etat européen, mais vers l’Europe des peuples. Quand on voit je ne sais plus quelle sous-ministre, hier soir, affirmer que « 19 peuples ont dit oui et qu’un seul a dit non », et qu’il faut « respecter la démocratie » (par exemple, mais il y en aurait tant d’autres), on se dit qu’ils sont en train de perdre la partie.

Chacune de ces contorsions les rend un peu moins crédibles. Ils sont comme dans un de ces pièges qui se referment inexorablement et de plus en plus chaque fois que celui qui y est pris fait un nouveau mouvement.

Je ne crois pas que je prenne mes désirs pour des réalités. Je crois que quelque chose a vraiment changé. Et j’attends goulûment leurs prochaines erreurs…

Commentaires

  • Vu les origines cosmopolites du dénommé Mandelson il ne faut pas s'étonner qu'il soit farouchement hostile à toute mesure protectionniste...
    Cela dit, Sarko est effectivement "pitoyable" !

  • Je suis parfaitement d'accord avec vous sur ce point. Le vent est en train de tourner, et le changement de direction ne peut que se confirmer. Mais des passages difficiles sont à venir, notamment pour l'Irlande et l'Espagne qui vont subir de plein fouet l'onde de choc du "subprime" américain dans les mois qui viennent. Il sera intéressant je crois de mesurer la réaction des Espagnols d'ici un an. L'euro-optimisme risque de subir une importante désaffection dans ce pays.
    Par ailleurs, si vous suivez le cours des bourses européennes (qui ont beaucoup plus de mal à gérer la crise que les anglo-saxons), vous verrez que les indices les plus chahutés sont l'indice belge et l'indice européen.
    L'instabilité économique et financière va accentuer le coup de frein de l'eurofolie. Mais il faut alors s'attendre à voir chaque citoyen payer le prix de ces dérives, et voir aussi la législation européenne se durcir.

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