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Quand Dieu ne sait plus trop ce qu’il dit

Les experts-professeurs fabricants de la néo-liturgie avaient décidé que l’épître et l’évangile ne suffisaient pas à la messe, et que pour être plus didactique il fallait une autre lecture, tirée de l’Ancien Testament, qui serait en rapport avec l’évangile du jour.

Aujourd’hui, dans leur « dixième dimanche du temps ordinaire lectures A », Jésus cite précisément une phrase de l’Ancien Testament : « Allez apprendre ce que veut dire cette parole : “C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices”. » (© Copyright AELF - Paris - 1980 - 2006  Tous droits réservés)*

La première lecture est donc le texte de l’Ancien Testament où l’on trouve cette citation, chez le prophète Osée, où Dieu dit, selon la néo-liturgie de ce jour : « Car c’est l’amour que je désire, et non les sacrifices » (© Copyright AELF - Paris - 1980 - 2006  Tous droits réservés).

Ainsi voit-on que Jésus, le Verbe divin, est incapable de citer littéralement un propos de Dieu. Il ne connaît pas très bien l’Ancien Testament et cite de mémoire… Dieu cite Dieu à peu près… Miséricorde, amour, tout ça c’est pareil…

Evidemment il n’en est pas ainsi. Jésus a cité mot pour mot ce que disait Dieu (c’est-à-dire ce qu’il disait lui-même) par le prophète Osée.

La différence que le « (© Copyright AELF - Paris - 1980 - 2006  Tous droits réservés) » ose faire entre les deux textes vient de principes de traduction qui font de Dieu un partisan de l’à peu près.

Les experts-professeurs de la néo-traduction (© Copyright AELF - Paris - 1980 - 2006  Tous droits réservés) ont décidé que le mot hébreu hesed devait se traduire par amour. D’où le texte d’Osée selon (© Copyright AELF - Paris - 1980 - 2006  Tous droits réservés).

Mais Jésus ne cite pas le texte hébreu (il ne cite surtout pas le texte hébreu du Xe siècle après Jésus-Christ, celui dont nous disposons…). Il cite, comme toujours, l’Ancien Testament dans la version des Septante (il y a une seule exception : quand il va mourir sur la croix, ce qui devrait faire l’objet d’une réflexion particulière).

Au IIIe siècle avant Jésus-Christ, une équipe de rabbins d’Alexandrie (les Septante), qui connaissaient et parlaient parfaitement l’hébreu et le grec (contrairement à nos experts-professeurs), ont traduit l’Ancien Testament en grec. C’est rapidement devenu la version courante de la Bible dans tout le bassin méditerranéen, dont la langue véhiculaire était le grec (mais oui, Jésus parlait – aussi – le grec : et en quelle langue croyez-vous qu’il parlait avec Pilate ?).

Les rabbins ont traduit le mot hébreu hesed par le mot grec éléos, qui veut dire pitié (Kyrie eleison), et qui a été génialement (providentiellement) traduit en latin par misericordia.

Par la bouche d’Osée, Dieu dit : « éléos thélo kai ou thyssiane ». A savoir : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice. » Et Dieu rappelle dans l’Evangile, par la bouche de Jésus le Verbe : « éléos thélo kai ou thyssiane » : Je veux la miséricorde et non le sacrifice.

La phrase est rigoureusement la même. Mais nos experts-professeurs traduisent l’évangile du grec, et là ils trouvent la phrase authentique, et ils traduisent l’Ancien Testament de « l’hébreu », et là ils lisent autre chose. Car ils sont beaucoup plus savants que les rabbins d’Alexandrie. Au point de nous faire croire que Dieu ne sait pas exactement ce qu’il dit.

Et cette impiété qu’on a enseigné ce matin dans toutes les églises où se célèbre la liturgie selon la « forme ordinaire ».

* Toute citation du chef-d’œuvre de l’épiscopat français adapté de la Sainte Ecriture pour l’usage « liturgique » doit impérativement comporter cette mention. Dont acte.

Commentaires

  • Merci, monsieur Daoudal, pour ces précisions que l'on ne trouve nulle part ailleurs (sauf peut-être, peut-être, dans des publications savantes, mais cela m'étonnerait étant donné l'esprit servile qui règne dans la "science").

    C'est effectivement génial et votre article mérite de passer à la postérité, lorsque l'Eglise sera entièrement rénovée et débarassée de cette génération début du XXème siècle, faite de pédants iconoclastes.

  • Comme je ne connais monsieur Daoudal pas autrement que par ses écrits et son oeuvre, je ne pourrai pas témoigner lors de son procès en béatification, car ce que l'on juge alors ce sont les vertus, ici je ne juge que la valeur intellectuelle et culturelle de ses articles qui fait de ses lecteurs des privilégiés.

    De plus je ne voudrais pas qu'il manque sa canonisation par un bête péché d'orgueil, alors je lui répéterai, comme saint Ignace le Loyola voulait que l'on fît lors de son agonie "pécheur, pécheur", car nous sommes tous pécheurs...

    Pour ceux qui n'auraient pas compris : mon commentaire est de l'humour, rebondissant sur la plaisanterie de Lapinos, de l'humour. Ceux qui en sont privés doivent passer outre.

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