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Irlande : vers le non ?

Séisme en Irlande. A six jours du référendum sur le traité de Lisbonne, le sondage TNS MRBI que publie aujourd’hui l’Irish Times donne pour la première fois une majorité de non.

35% des personnes interrogées se prononcent pour le non. 30% pour le oui. Les indécis sont 28%, et 7% s’abstiendront.

Le sondage précédent du même institut, à la mi-mai, donnait 35% de oui, 18% de non, 40% d’indécis. Le non a bondi de 17 points, le oui a baissé de 5 points.

On constate que lorsque les indécis prennent position, c’est pour le non.

On ne peut pas écarter une manipulation destinée à faire réagir les Irlandais pour qu’ils arrêtent de jouer à se faire peur et aillent voter oui, d’autant que l’Irish Times insiste lourdement : « A moins d’un changement significatif de l’opinion publique, l’Union européenne va être plongée en pleine crise. »

Mais cette évolution des indécis laisse penser qu’on est peut-être sur la bonne voie.

Parmi les électeurs du Fianna Fail, le non est passé de 5 à 25%, le oui de 47 à 42%. La majorité des électeurs du Fine Gael se prononce désormais pour le non (40% contre 30% pour le oui). Chez les électeurs travaillistes, le non a presque doublé, passant à 47%, contre 30% de oui. (Tous ces partis sont officiellement et activement en faveur du traité de Lisbonne.) Ironiquement, ajoute l’Irish Times, c’est chez les Verts que le oui est le plus fort, alors que ce parti est connu pour être très critique envers l’Europe de Bruxelles. Sans surprise, le non est ultra-majoritaire chez les électeurs du Sinn Fein.

Interrogés sur la raison principale qui les pousse à rejeter le traité, les partisans du non citent en premier lieu, à 30%, leur méconnaissance du texte. Ce qui montre le succès du slogan : « Si vous ne comprenez pas, votez non. » Vient ensuite la volonté de garder la souveraineté et l’identité de l’Irlande. Puis la volonté de garder la neutralité. Et ils citent en dernier lieu (5%) leur désir de manifester leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement : on ne pourra pas dire que les électeurs ne répondent pas à la question qui leur est posée.

L’Irish Times ne dit pas si la question de l’avortement faisait partie des possibilités de réponse. C’est un point qui vient d’être soulevé par le groupe Coir : compte tenu des prérogatives de la Cour de Justice européenne, le traité de Lisbonne permettra d’imposer la légalisation de l’avortement, malgré le protocole censé l’empêcher.

En revanche l’Irish Times souligne que le sondage a été réalisé le jour où le syndicat des paysans a déclaré qu’il allait appeler à voter oui, après l’engagement pris par le Premier ministre d’utiliser son droit de veto pour bloquer tout accord inacceptable à l’OMC (le sondage a donc été réalisé avant que soit connu cet appel à voter oui).

Brian Cowen se moque du monde. Il sait parfaitement que l’agriculture relève de la politique communautaire et que les Etats membres n’ont en cette matière aucun droit de veto à l’OMC (où ils sont représentés par le commissaire à l’agriculture). Mais il est vrai que notre Sarkozy, le 29 mai dernier, a prétendu lui aussi que la France opposerait son veto si l’UE ne défendait pas assez l’agriculture dans les négociations de l’OMC...

Espérons que les partisans du non réagissent fortement à cette imposture.

Autre indication, les bookmakers ont également changé leur fusil d’épaule. Notre ami Craig constate que la cote du oui est à 6/5 et la cote du non à 8/13.

Cela n’a rien à voir, mais Craig m’a fait hurler de rire ce matin quand j'ai vu la photo de la pluie en Irlande qu'il a publiée avec cette légende (que je ne traduirai pas) : « The weather in Ireland is a bit like Iraq: sometimes Sunni but usually Shiite. »

Commentaires

  • Soyons optimistes !

    Rappelons nous tout simplement l'historique de notre propre référendum, au cours du premier semestre 2005. En janvier, le oui caracolait à 60%, et le non était à 40%. Pour les média et l'UMPS, tout était joué, et puis... Au fur et à mesure de la campagne, le oui n'a cessé de s'effriter, jusqu'à ce que les courbes s'inversent, et, in fine, le 29 mai 2005, le non l'emportait avec 55% !

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