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Sainte Catherine de Sienne

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Sano di Pietro, peintre de Sienne (1405-1481).

Très chère et bien-aimée Sœur et Fille dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l’esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris et vous encourage dans son précieux sang, avec le désir de vous voir la vraie servante et fille du doux et bon Jésus, toute baignée et toute revêtue du sang du Fils de Dieu, afin que vous soyez dépouillée de tout vêtement d’amour-propre, de toute négligence et de toute Ignorance. Je veux que vous imitiez la douce et tendre Madeleine, qui ne pouvait se détacher de l’arbre de la très sainte Croix, mais qui s’enivrait toujours, se couvrait du sang du Fils de Dieu, et s’en remplissait tellement la mémoire, le cœur et l’intelligence, que jamais il ne lui fut possible d’aimer autre chose que Jésus-Christ. Je veux que vous agissiez ainsi jusqu’au dernier moment de votre vie, croissant de vertu en vertu, et employant toujours vos journées comme le bon pèlerin, qu’aucune fatigue ne fait regarder en arrière. Ne vous arrêtez pas dans la négligence, mais prenez le bâton de la très sainte Croix, qui fait naître et soutient toutes les vertus ; regardez l’Agneau immolé avec tant d’amour pour nous, que vous devez l’aimer aussi, et détruire par l’ardeur de cet amour toute froideur, toute dureté de cœur, et tout amour-propre qui se trouve dans votre âme.

Oh ! comment pourra faire l’épouse pour ne pas suivre les traces de son Epoux, c’est-à-dire souffrir avec amour et marcher dans la voie des peines, quelle que soit la manière dont Dieu vous les envoie ? Levez-vous donc avec une sainte patience et une véritable humilité, pour suivre le doux Agneau, avec un cœur généreux et plein d’amour ; sacrifiez-vous pour lui comme il s’est sacrifié pour nous, lorsque, pour nous donner la vie de la grâce, il a perdu la vie de son corps. Pour nous prouver son amour, il a ouvert son côté, et après sa mort, il nous a encore baignés de son sang. Voulez-vous être sans crainte ? cachez-vous dans la blessure de ce côté, et ne vous éloignez jamais de son cœur. Si vous y entrez une fois, vous y trouverez tant de joie, de douceur, que vous ne voudrez jamais le quitter ; car c’est un trésor de parfum et de miséricorde, et cette miséricorde donne la grâce et conduit à la vie éternelle, où la vie est sans mort, le rassasiement sans dégoût, la faim sans peines, et la joie entière, parfaite et sans mélange. C’est là que sont apaisés tous les besoins et les désirs de la créature.

 O ineffable et infinie Charité ! qui vous a forcée à nous donner un pareil trésor ? C’est votre amour sans bornes qui vous a fait créer votre créature sans y être obligé ; car nous vous devons tout, et vous ne nous devez rien. Mais, bien-aimée Sœur dans le Christ, le doux Jésus, songez que l’âme ne peut parvenir à ce bonheur de voir Dieu, si elle ne s’efforce d’abord dans cette vie à le goûter par un sincère et ardent amour. Cet amour renferme et fait naître toutes les vertus. La vertu ne manque jamais à l’âme qui est blessée par la flèche de la divine charité ; et cette charité s’acquiert à la table de la très sainte Croix, où l’Agneau sans tache est la table, la nourriture et le serviteur. Comment l’âme pourrait-elle ne pas aimer son doux Sauveur, en se voyant tant aimée de lui ? L’habitude de l’amour est de rendre amour pour amour, et de transformer celui qui aime en celui qui est aimé. Aussi l’âme, l’épouse du Christ, qui se voit aimée de lui, montre qu’elle veut le payer de retour ; elle veut souffrir les peines et les opprobres pour l’amour de lui, et elle se transforme et devient une même chose avec lui par l’amour et le désir. Elle aime ce que Dieu aime, elle déteste ce que Dieu déteste, parce qu’elle voit que le doux Jésus a mis tout son bonheur à porter la croix de bien des peines pour l’honneur de son Père et notre salut, pour se nourrir et se désaltérer des âmes. Il faut le faire aussi, afin de lui devenir semblables. Courons donc, et ne dormons plus dans le lit de la négligence ; mais courons vers le bien véritable. Je ne vous en dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.

Lettre 347, à Mme Franceschina, à Lucques. Traduction Etienne Cartier (semble-t-il), 1858.

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