Le député conservateur Peter Lilley a rédigé une proposition de loi visant à ce que les salaires des parlementaires britanniques « tiennent compte des transferts de compétences entre le Parlement et les institutions européennes ». Ce n’est pas une blague. Il a bel et bien eu le culot de défendre sa proposition de loi mardi devant la Chambre des Communes.
« Dans presque tous les métiers, a-t-il dit notamment, il est reconnu que le salaire doit refléter les responsabilités. Si des gens se voient confier davantage de responsabilités, ils reçoivent un salaire plus élevé. S'ils accèdent à une fonction avec moins de responsabilités, ils s'attendent à un moindre salaire. La même chose devrait être vraie du Parlement. Si, comme on le voit par le projet de loi qui traite du traité constitutionnel européen (sic), cette Chambre transfère plus de compétences aux institutions européennes, l’indemnité des députés devrait refléter la diminution de leurs responsabilités. Si, en revanche, comme mon très honorable ami le chef de l’opposition l’a promis, le Parlement recouvrait quelques compétences, comme celles qui ont été concédées sur les politiques sociales et d’emploi dans le traité d’Amsterdam, cela devrait se refléter positivement dans l’indemnité des députés. »
Peter Lilley a montré comment le Parlement perdait régulièrement des parts de son pouvoir, dans un processus de « tranches de salami » où chaque tranche est peu visible, et comment de plus en plus de lois n’étaient que des transpositions de directives européennes. Et c’est une autre tranche de salami qui va partir avec le traité de Lisbonne. « Il est marrant, a-t-il ajouté, que les ministres défendent noblement et acceptent une responsabilité dans les rejetons législatifs de Bruxelles, alors qu’ils n’ont souvent pris qu’une faible part à leur conception. Ils préfèrent en revendiquer la paternité plutôt que d’admettre leur impuissance. C’est le destin du coucou au cours des âges... »
A la fin de son exposé, Peter Lilley a demandé si un collègue voulait lui répondre. Il n’y en a eu qu’un, qui commença par faire valoir, sur le ton de la plaisanterie, tout de même, que le volume des lois discutées au Parlement s’accroît d’année en année et donc que les députés devraient être payés davantage. La suite (« sérieuse ») de son propos, sur les transferts financiers entre les Etats et l’Union, était proprement hors sujet.
Peter Lilley avait frappé juste... Une gêne passait sur la Chambre des Communes...
La proposition de loi passera en seconde lecture le 17 octobre. Elle n’a évidemment aucune chance d’aboutir, mais il y aura eu au moins un député, en Grande-Bretagne, pour mettre les pieds dans le plat. On aimerait qu’il ait des émules en France. Mais il ne faut pas rêver...
(via Bruges-Europe)
Commentaires
En France en effet, cela ne nous viendrait pas à l'esprit. Les députés sont vautrés sur leurs sièges de députés-maires-conseillers-régionaux, le ventre à l'air et la brioche remplie. Ils ne sont jamais présents à l'assemblée si ce n'est pour faire passer en copains les lois les plus obscures à 4h du matin. Non, les députés-fainéants n'en sont pas à réduire leur train de vie. Ils sont payés pour endormir le peuple. Leur travail est une sale besogne, mais après tout, livrer la France à Bruxelles, pour eux, vaut bien quelques deniers !