Au sortir du nuage divin, le prophète dont la langue était tardive promulgua la loi écrite par le doigt de Dieu; guéri de son infirmité, il avait contemplé de l'œil de l'âme celui qui est, et il célébra dans des cantiques sacrés la science de l'Esprit qu'il avait reçu.
Le grave et auguste Maître avait dit à ses disciples : « Ne vous séparez point, ô mes amis ! lorsque je serai assis sur le trône sublime de mon Père, je répandrai la grâce infinie de l'Esprit dans tout son éclat sur vous qui désirez la connaître. »
Sa carrière étant terminée, le Verbe, fidèle à sa promesse, remplit leurs cœurs d'un doux recueillement. Ayant achevé son œuvre, il répand sur ses amis d'abord un souffle violent, bientôt des langues enflammées; lui le Christ, il leur donne l'Esprit et dégage ainsi sa parole.
Le pouvoir divin dépasse toute borne; de gens illettrés il fait des orateurs, leur parole réduira les sophistes au silence, et semblable à un éclair éblouissant, l'Esprit enlèvera à leur nuit profonde des peuples innombrables.
Cet Esprit tout-puissant, splendide, incorruptible, procédait de la lumière incréée, de la substance que le Père transmet au Fils; aujourd'hui, langue de feu dans Sion, il manifeste aux nations cette lumière qu'il puise dans la divinité.
Et toi, ô Fils de Dieu qui as réuni deux natures, tu prépares le bain divin de la régénération; l'eau d'un tel bain s'est épanchée de ton côté, ô Verbe, et l'ardeur puissante de l'Esprit en est le sceau.
Vous êtes les vrais serviteurs du Dieu souverain, vous qui adorez l'essence trois lois lumineuse. Le Christ met aujourd'hui la dernière main à son bienfait surnaturel, envoyant pour notre salut celui qu'exprime le feu, versant sur nous la grâce universelle de l'Esprit.
Enfants de l'Eglise, fils de la lumière, recevez la rosée enflammée de l'Esprit, et par elle la rémission et l'affranchissement de vos péchés; car aujourd'hui la loi est sortie de Sion, la grâce du Saint-Esprit, sous la forme d'une langue de feu.
Autrefois on entendit un concert d'instruments qui conviait les hommes à adorer la statue d'or inanimée; maintenant, c'est la grâce lumineuse du Paraclet qui les rend dignes de s'écrier: O Trinité unique, égale en pouvoir, sans commencement, nous te bénissons.
(Hymne de la liturgie byzantine, de saint Jean Damascène)