Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté d’expression

Un blogueur militant PS de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), Yves Poey (Flamberge), a été condamné pour diffamation envers Yves Jégo, alors député-maire de la localité et aujourd’hui sous-ministre à l’Outremer. Ce procès est inquiétant pour l’avenir des blogs politiques, car il montre que toute critique polémique, faite dans le feu d’une campagne électorale, peut être condamnée comme « diffamation », lorsqu’elle émane d’un simple blogueur (on remarque par exemple que le site de Marianne, qui reprenait les propos d’Yves Poey et en remettait une lourde couche, n’a pas été poursuivi ; ou que les « apparatchiks» du PS qui « grenouillaient depuis des lustres», enfin élus aux dernières élections, n'ont pas porté plante contre le Nouvel Observateur qui employait les mêmes mots).

D’autre part ce procès montre quel genre de curieux démocrate est Yves Jégo, dont on rappellera que pendant la campagne présidentielle il était le conseiller de Nicolas Sarkozy sur les dossiers liés à internet...

Le député-maire, secrétaire national de l’UMP et président de l'Epareca (Établissement public national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux), avait en effet poursuivi le blogueur en diffamation pour l’avoir traité d’ « apparatchik » qui a « grenouillé » dans les « distributeurs d’emplois publics réservés ». Et il le poursuivait pour injure pour avoir laissé entendre qu’il ne connaissait pas « le tissu social et économique local ». Il demandait qu’Yves Poey soit condamné à 1 euro symbolique, aux dépens, et à « 3.000 euros de frais non répétibles » (autrement dit pour payer ses avocats...).

Le tribunal n’a pas retenu l’« injure », tout de même, mais il a retenu la « diffamation » pour les mots « apparatchik » et « grenouillé ». Et il a "seulement" condamné le blogueur à 200 euros d’amende. (Yves Jégo en est donc pour ses frais...)

Comme le remarque un lecteur de Flamberge, 200 euros, ça fait 100 euros le mot. Mais peut-être un des deux coûtait-il plus cher que l’autre. Il va falloir dresser le catalogue des mots, avec leur prix, pour savoir quels mots ne sont pas dans nos moyens...

Petite note sur le mot apparatchik. Chacun sait qu’il est utilisé couramment dans la polémique politique pour désigner un adversaire membre important d’un appareil politique. Si Yves Jégo y voit de la diffamation, c’est qu’il veut prendre ce mot dans son sens strict de membre de l’appareil soviétique (et il y a des juges pour le suivre...). Mais c’est le même Yves Jégo qui avait réagi à l’appel « Pour une vigilance républicaine » en disant que c’était « exactement la méthode des procès staliniens ». Si l’on suit son raisonnement, il aurait dû être condamné en diffamation, car cette petite pique anti-Sarko signée par des gaullistes, des UDF, des socialistes, etc., n’avait évidemment rien à voir avec les procès staliniens, ni vaguement, ni surtout « exactement ».

Dans son blog, Yves Jégo se félicite bien entendu du « verdict » (il est titulaire d’une maîtrise de droit mais ne sait pas que le mot verdict est réservé aux jugements des cours d’assise).  Et il souligne qu’un autre militant PS, soutien d’un candidat qui se présentait contre lui en Seine-et-Marne, « vient d'être mis en examen et renvoyé en correctionnel (sic) sur les mêmes motifs ». On ne dira pas qu’il s’agit de procès staliniens, puisqu’il se réserve l’expression. On dira seulement que faire taire ses opposants à coup de procès, c’est politiquement pitoyable.

Commentaires

  • Pitoyable, effectivement.

Les commentaires sont fermés.