Le ministre de l’Economie Christine Lagarde a déclaré lundi, lors d’un forum sur la fiscalité à Bruxelles, que la France allait « apporter sa pierre » au projet du commissaire Lazslo Kovacs de créer une assiette commune pour l’impôt sur les sociétés au sein de l’UE, car il s’agit d’un des sujets « les plus urgents » en matière de fiscalité, et c’est « certainement une question que nous voulons pousser ».
Ce propos a semé le trouble et la consternation en Irlande, où il est quasiment perçu comme un appel indirect à voter non au référendum. L’un des grands arguments de la propagande officielle est en effet que l’Irlande préservera son système fiscal très avantageux pour les entreprises, qui a permis le développement du « tigre celtique ».
« Nous ferons clairement comprendre notre opposition » à ce projet « venant à un mauvais moment, inutile et inapproprié », a déclaré mardi le secrétaire d’Etat irlandais aux Affaires européennes, Dick Roche, devant le Sénat, soulignant que Mme Lagarde avait « admis qu’il s’agit d’un sujet controversé et qu’il pourrait ne pas y avoir d’accord rapide sur la question ».
Depuis lors, les officiels irlandais et les thuriféraires de l’Europe, à commencer par le Premier ministre Bertie Ahern en personne, s’emploient à marteler que le projet ne peut aboutir que s’il y a unanimité, que le traité de Lisbonne n’y change rien, et que l’Irlande opposerait évidemment son veto. Ruairi Quinn, président de l’Alliance irlandaise pour l’Europe, a qualifié les propos de Christine Lagarde de « fantasme grotesque »...
L’inquiétude est manifeste, d’autant qu’il ne s’agit pas seulement de Christine Lagarde, mais d’un réel projet de la Commission , et que l’affaire est naturellement exploitée par les partisans du non...