Au matin de Pâque, Marie-Madeleine découvrira un corps glorifié. Elle aura bien du mal à la reconnaître. Celui qu’elle prend pour le jardinier devra l’appeler par son nom pour qu’elle l’identifie.
Ce qu’elle découvre, c’est un corps qui a transité par la mort et qui en garde les cicatrices. Les blessures sont devenues stigmates. Elles ont été traversées par l’Amour. (…)
Ce corps dénudé et crucifié qu’elle est venu tôt matin parfumer.
Ce corps transfiguré, qu’elle voudrait saisir et retenir dans son élan vers le Père et comme contenir, ne lui appartient par car il est à l’Église.
C’est ce sens du corps que Marie-Madeleine nous enseigne aujourd’hui. Le corps qui est révélation de la personne, de son intériorité, de son mystère. Ce corps fait pour le don de soi. Ce corps fait pour la gloire depuis que le Fils fait chair est ressuscité. (…)
Il y a deux manières d’aller au Christ :
- Une manière masculine, celle de Pierre, faite de détermination, d’engagement volontaire et résolu. « On retrousse les manches ». Mais nous en découvrons les limites. Au pied de la croix, il ne s’agit plus de faire, mais de se laisser faire. Cette manière masculine est marquée par le reniement, la trahison et l’abandon.
- Il y a une manière féminine de suivre le Christ. Plus intuitive, plus perspicace, plus disponible, plus en creux parce que plus intérieure : - Celle de Marie, la Mère de Jésus, terre d’accueil de la grâce ; - Celle des saintes femmes ; - Celle de Marie-Madeleine : Marie-Madeleine a le visage du désir, et Jésus a allumé un feu dans son coeur ; elle est la femme du petit matin et du juste pressentiment, l’apôtre des apôtres.
À travers l’accueil, l’écoute, la liturgie, la prédication et le témoignage évangélique de votre charité fraternelle, à l’école de saint Dominique, votre mission sera donc d’exalter la beauté, la bonté et la vérité du message du Dieu de toute miséricorde que Marie-Madeleine ne cesse depuis 2000 ans de désigner, elle, par qui, comme le chante avec fierté un cantique local, Jésus est né en Provence.
(Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon, homélie à la Sainte-Baume, le 22 juillet 2002.)