Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre modèle, a imité, après ses immenses travaux, le repos du septième jour. Après avoir foulé seul le pressoir, ayant considéré l’ensemble de tout ce qu’il voulait accomplir, il dit : Consummatum est, et il entra dans le repos de son Père, sans cesser d’opérer toutes les œuvres qui avaient été confiées à son humanité sainte. Ce repos du Christ doit nous être incorporé comme toutes les autres phases de sa vie très sainte. Ainsi y a-t-il pour nous un état qui n’est plus la passion et qui n’est pas encore le ciel.
(…) Ce samedi est le dernier effort de la foi, son apogée et son plein épanouissement. Il est glorieux à Dieu que l’âme s’y établisse un moment avant d’entrer dans le plein jour de la lumière de l’entière résurrection. Que Dieu se repose en nous et que nous nous reposions en Dieu de ses œuvres et des nôtres. C’est un état qui précède la parfaite béatitude ; c’est le sabbat, jour mixte, placé entre les œuvres laborieuses et extérieures et le jour éternel de la pleine lumière, jour sanctifié entre tous les autres, car il est la prise de possession parfaite et le vrai commencement. Jour où l’on s’abstient absolument des œuvres serviles parce que l’amour en chasse toute crainte. Jour du Seigneur, non dans la vision, mais dans les ombres du sépulcre de la foi. Jour où il n’y a plus de souffrances, quoique demeurent encore les dernières traces de la mortalité. Septième jour où les œuvres sont parfaites, où l’âme possède les plus grands biens sans les voir encore et où le corps est comme séparé d’elle et réduit dans le tombeau de la vie présente.
Madame Cécile Bruyère (In Spiritu et Veritate)