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Un groupe assyrien veut devenir catholique

Le 17 janvier dernier, l’évêque du « diocèse apostolique catholique assyrien » (ACAD), Mar Bawai Soro, ses six prêtres et trente diacres ont signé une déclaration par laquelle ils expriment leur résolution à « entrer en pleine communion avec l’Eglise catholique » et à « retrouver l’unité ecclésiale avec l’Eglise chaldéenne catholique ».

Le 31 janvier, l’évêque chaldéen de San Diego, avec son clergé, a rencontré Mgr Soro et son clergé pour définir les prochaines étapes de mise en œuvre de la déclaration du 17.

Mgr Soro est depuis très longtemps un acteur important du dialogue œcuménique entre l’Eglise assyrienne et l’Eglise de Rome, ainsi qu’entre les Eglises d’Orient. Entre 1994 et 2005 il a été co-président de la commission syriaque de la fondation Pro Oriente de Vienne, co-secrétaire du comité de dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Eglise de l’Orient (c’est ainsi que les assyriens désignent habituellement leur Eglise), et entre 1997 et 2005 co-secrétaire général de la commission pour l’unité entre l’Eglise chaldéenne et l’Eglise assyrienne. En 1994, il a été l’un des signataires de la déclaration christologique commune entre le patriarche Dinkha IV et Jean-Paul II. (En 1975, l’Eglise assyrienne avait renoncé à toute référence au nestorianisme. En fait elle n’a jamais été vraiment nestorienne. Le schisme du Ve siècle était plus un acte de défiance politique envers Byzance.)

Né en 1954 à Kirkuk, Mgr Soro a obtenu un doctorat en théologie à l’Angelicum (Rome). Il a été ordonné à Chicago en 1982, et est devenu évêque à San José (Californie) puis à Seattle. Fin 2005, il a été déposé par le synode assyrien, et il a fondé avec ses fidèles un « diocèse apostolique catholique assyrien » indépendant, avec l’intention de concrétiser l’unité à laquelle il travaille depuis longtemps.

Vue de loin, cette affaire paraît anecdotique. Elle pourrait pourtant être d’une grande importance pour le catholicisme oriental (bien que tout se passe aux Etats-Unis, le patriarche assyrien résidant à Chicago...). L’Eglise assyrienne, qui compte moins de 300.000 fidèles dans le monde, est une branche de l’antique Eglise de Perse, souvent appelée Eglise « nestorienne » après son refus du concile d’Ephèse en 431, et qui deviendra autour du VIIIe siècle la plus grande Eglise du monde, s’étendant de la Mésopotamie à l’Inde et jusqu’à la Chine. Au XVIe siècle une partie importante de cette Eglise rejoignit l’unité avec Rome, devenant l’Eglise chaldéenne, très majoritaire en Irak. Si Mgr Soro, dont on a vu qu’il est très connu dans les instances de dialogue entre Eglises orientales et avec Rome, rejoint avec son clergé et ses fidèles l’Eglise chaldéenne catholique, cela pourrait convaincre d’autres assyriens de faire de même. D’autant que l’Eglise assyrienne a été victime en 1968 d’une nouvelle scission, de plusieurs évêques qui refusaient le calendrier grégorien, adopté trois ans plus tôt, qui ont élu un patriarche résidant à Bagdad.

L’un des reproches faits à Mgr Soro par le synode assyrien est qu’il veut traduire la liturgie en langue vernaculaire. L’Eglise assyrienne tient à conserver sa liturgie en syriaque (il ne s’agit pas de la langue du Christ, comme on le dit souvent, mais d’une branche de la langue araméenne telle qu’elle était parlée en Mésopotamie autour du Xe siècle, le syriaque dit classique, ou aramaïque). Mgr Soro fait valoir qu’il n’y a guère plus d’1% des fidèles, clergé compris, ajoute-t-il, qui comprennent cette langue.

De fait, en Irak, les chaldéens célèbrent la liturgie surtout en arabe, comme les « syriens », ou les maronites au Liban (dont la langue liturgique est également le syriaque). Ils gardent toutefois divers chants de la liturgie dans la langue originelle. Il serait dommage que ce patrimoine sacré disparaisse (il faut espérer que ce ne soit pas le vœu de Mgr Soro), mais l’intransigeance du synode assyrien fait davantage penser à un conservatisme étriqué qu’à un souci de préserver la tradition. Toutes les liturgies orientales sont au moins partiellement célébrées en langue vernaculaire depuis très longtemps, et cela s’inscrit dans leur structure même. (Avec toutefois une nuance, en Orient : l’arabe utilisé dans la liturgie est l’arabe classique, qui n’est ni une langue sacrée ni une langue vernaculaire.)

D’autre part, la déposition de Mgr Soro apparaît comme une injustice, quels que soient les griefs qui ont été ajoutés pour tenter de le discréditer (ils ont été balayés dans le procès que lui a intenté le synode et qu’il a gagné) ; et c’est le synode assyrien qui se discrédite en ne parlant de Mgr Soro que sous son nom de laïc et en l’appelant ex-évêque, ce qui est une erreur théologique grave, car un évêque reste évêque pour l’éternité.

Commentaires

  • Juste une petite réflexion : plus que la langue de la liturgie (je suis pour le latin mais il-y-a des exceptions locales), c'est la manière de célébrer la liturgie elle-même qui compte pour moi, pourvu que les chants et les prières soient beaux et profonds, sincères et prenants.Ce qui m'intéresse c'est de savoir si ces chrétiens célèbrent bien le saint sacrifice de la messe ou une simple "sainte cène" comme les hérétiques, voire une "euchariistie", comme les "conciliaires" ?

    [Votre question est insultante pour les assyriens, quels qu'ils soient. Les chrétiens de saint Thomas sont dépositaires d'une très antique liturgie, et nul ne peut mettre en doute sa validité. Mgr Soro précise d'ailleurs qu'il n'a aucunement l'intention de changer cette liturgie, mais seulement de la traduire.
    YD]

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