Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Paris-Berlin : rien ne va plus

Le sommet franco-allemand du 3 mars a été reporté au... 9 juin, pour des « raisons de calendrier », annonçait l’Elysée il y a quelques jours. L’explication était fort peu convaincante, et la presse allemande en faisait des gorges chaudes. Or voici qu’une autre réunion franco-allemande, entre les ministres des Finances, vient d’être également reportée « pour des raisons d’agenda ».

Cette fois il n’est plus possible de cacher qu’il y a un très sérieux malaise entre la France et l’Allemagne. Et selon l’AFP on reconnaît à l’Elysée qu’en effet la polémique monte à propos de ces reports et qu’il y a des sujets sur lesquels « des éclaircissements sont nécessaires »...

Il y a longtemps en fait (plus de six mois) que le ton monte entre la France et l’Allemagne. La principale pomme de discorde est la fameuse Union méditerranéenne de Sarkozy, dont les Allemands ne veulent absolument pas, car ils y voient, à juste titre (dans la logique européiste), un motif de division entre les Etats du sud et les Etats du nord.

Désormais, la France ne parle plus d’Union méditerranéenne, mais d’Union pour la Méditerranée  : à première vue on ne voit pas la différence, mais elle est essentielle : il ne s’agit plus d’une union des pays méditerranéens, mais d’une union de pays (dont tous ceux de l’Union européenne) sur le thème de la Méditerranée. Sarkozy a mangé son chapeau.

Toutefois, cela ne suffit pas à rassurer les Allemands. D’autant qu’Angela Merkel n’est pas conviée au lancement du projet, le 13 juillet prochain à Paris, mais seulement le... lendemain, avec les autres Etats membres appelés à l’approuver... Ce qui est évidemment considéré outre-Rhin comme un outrage.

On sait d’autre part que les Allemands ne supportent pas les critiques incessantes de Nicolas Sarkozy sur la Banque centrale européenne et ses appels à une politique économique qui aurait autorité sur la BCE.

Il y a encore d’autres différends, notamment sur le calendrier de retour à l’équilibre des comptes publics français.

Et il y a l’animosité personnelle d’Angela Merkel envers Nicolas Sarkozy, qu’elle appelle Monsieur Blabla et dont elle ne supporte pas l’agitation permanente. Une séquence télévisée tournée lors du sommet de Lisbonne en décembre dernier en est une illustration très parlante. Les chefs d’Etat et de gouvernement sont entourés de journalistes. L’un d’eux demande à Nicolas Sarkozy si c’est toujours la lune de miel entre Angela Merkel et lui-même. Nicolas Sarkozy hèle de façon vulgaire Angela Merkel, qui se trouve non loin de lui. « Hé ! Angela ! Viens ici ! », lance-t-il avec son sourire le plus chafouin. Et lorsqu’elle arrive, Sarkozy lui dit : « Hein, entre nous, c’est la lune de miel ! » Et il traduit : « Honeymoon ! ». Angela Merkel lui tourne aussitôt le dos en laissant tomber : « Oh... we just collaborate. »

Et l’on voit que même cette collaboration distanciée est désormais sujette à caution.

Commentaires

  • Malheureusement, l'Allemagne nous renvoit une image juste de ce que notre classe politique est devenue : des jean-foutre :

    - Elle a bon dos la BCE ! avec la même monnaie, l'Euro, l'Allemagne va dégager, en 2007, un excédent de près de 200 milliards d'Euros ! (nous avons un déficit historique de 40 milliards d'Euros) De même l'Allemagne paie le pétrole (cher) comme nous, ce qui ne semble pas embarasser leur économie. Le comble, c'est que l'Euro masque nos négligences. Sans l'Euro, nous aurions déjà subi maintes dévaluations, ce qui aurait pu causer un électro-choc (comme en 1983)

    - L'allemagne va équilibrer ses déficits en 2010. Chez nous, NS a renvoyé cet équilibre à la Saint Glinglin (Comme il fallait donner une date, NS a parlé de 2012, mais il aurait aussi pu auussi bien dire 2015, ou 2020.., l'important était de donner une date, d'avoir l'air d'y croire, alors qu'il (comme toute la classe politique française) s'en moque éperdument !)).

    Pour une fois, que l'on accuse pas l'Europe de nous mettre la pression. Europe ou pas, les comptes d'un Etat devraient être bien gérés et équilibrés, cela me semble une règle universelle. A la limite, la pression que nous met Bruxelles est plutôt salutaire, qui le ferait sinon ?

    - Cette histoire d'union méditéranéenne est une fumisterie. Il y un fossé culturel, économique, quoi qu'en disent les bien-pensants, entre l'europe chrétienne occidentale et le maghreb musulman.

    Sur quoi cela débouchera-t-il ? un renforcement de l'immigration, une dissolution quasi-totale de l'identité chrétienne occidentale française ? une islamisation forcée ?

    Là encore, l'Allemagne a bien raison de rejeter cette lubie, destinée, à mon sens, à complaire à nos gauchos et aux Français d'origine maghrébine.

    J'ai la triste sensation que NS se tourne vers le sud pour pouvoir briller facilement, sans effort, plutôt que de serrer les boulons et d'essayer de faire tenir son rang culturel, économique à la France, envers ses concurrents traditionnels (Allemagne, pays anglos-saxons, etc.).

    - Je passe sur les nouveaux canons de l'élégance définis par NS. Les valeurs aristocratiques sont mal en point... (J'ai vu Proust ce week-end à Deauville, en train de déambuler sur les planches, pleurant...) Peut-être s'entrainait-t-il pour de futurs sommets de l'union méditerranéenne ?

    Quand en finira-t-on avec ce lamentable socialisme à la française, le vrai, l'authentique mal (et non pas la BCE ou le pétrole) qui nous ronge et nous mène au bord du gouffre ?

  • @Lapinos, mais l'Allemagne et la France parlent d'une seule voix en confortant par le Traité de Lisbonne l'indépendance de la BCE !
    La est le paradoxe, du coté de NS, on conforte cette institution dès le début du mandat et on la critique par ailleurs..

    @Ysengrin, la comparaison avec l'Allemagne a ses limites. Celle-ci à une industrie peu concurrencée (machine-outil notamment) de ce fait, l'euro fort ne la pénalise pas. La France n'a pas un niche exportatrice aussi protégée, celle-ci étant forte en matière (de ce qui reste) d'agriculture et le tourisme. C'est précisément la limite de l'euro : monnaie unique pour des économies ayant des spécificités qui mériteraient des politique monétaires différenciées.

    Personnellement, j'étais assez favorable au concept de l'union méditerranéenne en tant que moyen de desserrer le lien qui devient de plus en plus de fer (voir Vote du parlement UE pour considérer comme nul le référendum irlandais..) entre chaque état et l'UE. C'était une façon de tourner chacun vers ses aires d'influence naturelle et historique. Certes avec NS, le pire est souvent à prévoir, mais il existait une potentialité intéressante et l'occasion de comprendre que la tradition diplomatique de chaque pays fait plus pour l'Europe que vouloir mette tout le monde sous un étouffoir unique qui réduit l'UE à l'impuissance. Il n'est pas surprenant que se soit H.Guaino qui est porté l'idée et que Merkel ait refusé. Ce renoncement m'inquiète en ce qu'il traduit encore l'intégration au sein de l'UE.

  • Houps,
    J'ai omis à propos de l'euro de dire, qu'il n'est sans doute pas indifférent que tous les pays de l'UE hors zone euros ont, depuis, l'introduction de cette monnaie des résultats économiques supérieurs à ceux de la zone euro.

  • Quelqu'un a simplement expliqué le droit international à Sarkozy. Aucun pays de l'Union européenne ne peut devenir membre d'une autre union similaire sans l'aval des tous les autres membre.

    C'était tellement couru d'avance que s'en était tout simplement grotesque!

Les commentaires sont fermés.