On sait depuis longtemps que la réforme des 35 heures a engendré des problèmes inextricables à l’hôpital. Mais on a laissé pourrir la situation, comme chaque fois qu’il y a un problème. Aujourd’hui, il y a 23 millions d’heures supplémentaires impayées, et 3,5 millions de jours de RTT non pris, qui s’accumulent dans les « comptes épargne temps » (CET). La colère des personnels hospitaliers prenant une tournure inquiétante (ils sont en « grève » symbolique depuis le 24 décembre), Roselyne Bachelot a reçu hier les syndicats. Elle les recevra de nouveau les 10 et 15 janvier, date à laquelle un accord est censé être signé. Le ministre affirme disposer de 700 millions d’euros de « marge budgétaire ». Mais le délégué général de la Fédération hospitalière de France, Gérard Vincent, remarque que la moitié seulement de cette somme peut être débloquée : ce sont les 350 millions du Fonds pour l’emploi hospitalier, qui sont consignés à la caisse des dépôts. Le reste a été théoriquement provisionné par les hôpitaux. Mais comme les deux tiers des hôpitaux sont en déficit, ces réserves sont déjà épuisées dans la plupart des cas.
Quoi qu’il en soit, même si elle permettait de régler les problèmes accumulés, cette manne ne changerait rien à la situation : les personnels continueront à engranger des heures supplémentaires et des jours de RTT.
Le problème vient de ce que les 35 heures à l’hôpital ont obligé certains agents à... travailler davantage, car on manque de personnel. Les créations d’emplois promises n’ont jamais été réalisées. Les médecins ont théoriquement droit à 20 jours de congés annuels supplémentaires pour compenser le fait qu’ils peuvent travailler... plus de 48 heures par semaine, mais ils ne peuvent pas prendre ces congés, et en outre, s’ils dépassent les 48 heures, les heures supplémentaires sont également transférées sur le CET.
Le gouvernement va donc s’engager à payer les jours de RTT engrangés sur les CET. Mais si l’opération doit se poursuivre, elle coûtera très cher. Il est également envisagé de faire du CET un mode de gestion de la retraite, en permettant aux médecins d’anticiper leur départ ou de prendre une année sabbatique payée. Mais on revient alors au problème initial : il faudra les remplacer, or il n’y en a déjà pas assez...
Ici non plus, on ne voit pas venir la rupture. Seulement les rustines.