Je voudrais ici répondre à « Hadrien N. », qui m’avait posé une question sur l’authenticité de la prophétie citée par le rabbin Chaya et la véracité de sa réalisation (concernant les juifs réduits en esclavage en Egypte après la chute de Jérusalem). J’avais plus ou moins l’intention d’aller y voir de plus près, mais je n’en ai pas le temps, et surtout ce n’est pas le problème.
Donnons acte au rabbin Chaya, sans examen, de tout ce qu’il avance. Oui, cette prophétie existe (ce qui est probable), oui, elle s’est réalisée comme il le dit (même si je n’en sais rien).
Ce qui importe ici est de voir que le rabbin se concentre uniquement sur la réalisation concrète d’une prophétie. Et il y a en effet de nombreuses prophéties de la Bible qui se sont réalisées. Mais la question n’est pas là. Ce qui importe, chez les prophètes (et les rabbins le savent bien), c’est l’annonce que va venir un messie, un sauveur. Un sauveur d’Israël et de tous les peuples de la terre.
La question est donc de savoir si Jésus est ou n’est pas ce messie. Dans l’évangile de ce dimanche, selon la « forme ordinaire » du rite latin, Jésus répond à cette question en citant littéralement le prophète Isaïe, montrant qu’il accomplit la prophétie parce qu’il accomplit les miracles que le prophète avait annoncés : les aveugles voient, les boiteux marchent, etc. Ces miracles sont l’accomplissement concret des prophéties, ils sont surtout, avant tout, le signe que le Messie est venu, que Jésus est le Messie. La seule réponse du rabbin (et du Talmud) à cela, c’est que Jésus ne fait pas des miracles mais des tours de sorcellerie. Ce n’est pas une réponse digne de l’enjeu.
Ce qu’il faut voir aussi, me semble-t-il, c’est que non seulement les rabbins refusent de reconnaître en Jésus le Messie, mais ils donnent une interprétation radicalement fausse des prophéties concernant le Messie, qu’ils attendent comme le sauveur du peuple juif, alors que les prophètes annoncent le sauveur du monde.
C’est un caractère absolument unique du prophétisme biblique : chez tous les peuples de l’antiquité, les dieux sont les dieux de ce peuple, de la tribu, aucun dieu ne peut être aussi le dieu d’un autre peuple. Les prophètes (et Moïse est déjà un de ces prophètes) annoncent l’universalité du salut. C’est un mouvement en « expansion », le contraire du « repli » sur Israël qu’enseignent les rabbins au mépris des textes sacrés.
Commentaires
Cette réponse à propos du rabbin Chaya poursuit le précédent fil du 07 décembre.
La consubstantialité est un autre élément qui fait rupture avec ce caractère absolument unique du prophétisme biblique et qui est, de fait, un élément du fossé entre le judaïsme et le christianisme.
Je ne suis pas certain que l’Ancien Testament préparât à ce principe au début notre ère ? Les juifs attendaient un prophète ou la venue de Dieu “révélé”, mais pas Dieu incarné.
Donc, Joyeux Noël à tous.
@ lapinos.
Vous avez raison, et je n'ai pas suffisamment précisé ma pensée.
Je devais écrire à la fin « Dieu consubstantiel » et non pas « Dieu incarné »
Il est certain, pour un croyant, que Dieu s’incarne, mais sa dimension n’est pas qu’humaine. Elle est triple.
C’est dans ce sens que je m’interrogeais. La consubstantialité est une idée inconnue dans le judaïsme. Les juifs ne pouvaient voir qu’une hérésie dans cette nouvelle dimension spirituelle, et donc la “crucifier” au nom de l’orthodoxie.
Pour votre parallèle avec la Révolution Russe et le Communisme, l’idée est intéressante, mais j’ai peur que cela soit une légende idéaliste.
Je penche personnellement pour des questions plus terre-à-terre. Je crois hélas que les juifs ont simplement vu là une opportunité pour abattre un régime Russe qui les oppressait, comme plus tard d’autres régimes dans le monde.
Abattre les nationalismes, les frontières ainsi que les valeurs nobles et bourgeoises qui s’y attachent pour créer ce “messianisme” est une notion toujours très d’actualité communément nommée aujourd’hui dans une version “soft” Mondialisation ou Globalisation... Jacques ATTALI en est le fervent défenseur en France, il a ses relais ou coreligionnaires partout dans le monde.
Le sujet est intéressant, mais ça n’est pas vraiment le fil. J’espère que nous pourrons en reparler ailleurs.
@ lapinos...
Je ne conteste aucun de vos propos. Il conviendrait d’en parler point par point pour affiner. Pour les Koulaks, la encore, je ne sais pas si c’est si simple. Les petits propriétaires éliminés qui restait-il ? Ce n’était pas sur eux que pouvait se faire l’éducation communiste. Nous nous éloignons du sujet.
Nous en reparlerons ailleurs.
Merci beaucoup pour votre réponse! Et par la même occasion, je fais mieux le lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament. J'avais du mal à voir comment ils étaient "compatibles", et j'avais plutôt tendance à les opposer.
Existerait-il par hasard, sur internet, un site du même genre que Leava, mais chrétien catholique?
@ Lapinos
j'entends bien, mais uniquement la première année de la Révolution Dés 1918 les réquisitions de la production des paysans entraînent ceux-ci vers les Blancs ou une simple opposition vers le nouveau gouvernement. Dés 1918 Trotski commence la répression contre les Koulaks.