Parmi les 23 cardinaux créés samedi par Benoît XVI figure Mgr Emmanuel III Delly, patriarche de Babylone des chaldéens. Le patriarche chaldéen devenant automatiquement cardinal, ce n’est pas une surprise. Mais le pape a tenu à profiter de l’occasion pour souligner qu’il tournait son regard « avec appréhension et affection vers les chères communautés chrétiennes qui se trouvent en Irak » : « ces frères et sœurs dans la foi expérimentent dans leur chair les conséquences dramatiques d’un conflit qui persiste et vivent une situation politique combien fragile et délicate ». « En appelant à entrer dans le collège des cardinaux le patriarche de l’Eglise chaldéenne, j’ai voulu exprimer de façon concrète ma proximité spirituelle et mon affection à ces populations. Nous voulons ensemble réaffirmer la solidarité de l’Eglise entière envers les chrétiens de cette terre bien-aimée et demander au Dieu miséricordieux l’avènement de la réconciliation et de la paix pour tous les peuples concernés ».
Michèle Alliot-Marie, qui représentait le gouvernement français pour la promotion de l’archevêque de Paris Mgr André Vingt-Trois, n’a pas voulu être en reste. Elle a évoqué « le courage de la communauté martyre » des chaldéens, et lui a annoncé que « conformément à sa demande, les plus hautes autorités de la France ont décidé d’accueillir des ressortissants de sa communauté qui sont entre les lignes ».
Je ne sais pas ce que veut dire « entre les lignes », mais Michèle Alliot-Marie paraît ne pas savoir que la plus grande communauté chaldéenne du monde en dehors d’Irak est celle qui vit en France. A l’origine, et jusqu’aux guerres contre l’Irak, il s’agissait essentiellement de chaldéens ayant fui la Turquie orientale. Un certain nombre de chaldéens d’Irak n’ont pas attendu Michèle Alliot-Marie pour se réfugier en France. Il est bien temps de jouer les généreux, près de cinq ans après l’écrasement de l’Irak, et alors que des réfugiés commencent à revenir en masse à Bagdad en espérant que la situation s’améliore pour de bon...
Signalons d’autre part que, même s’ils devraient être bien mieux chez eux, et s’ils font cruellement défaut aux chrétientés d’Orient menacées de disparition, les chaldéens sont à l’évidence les bienvenus chez nous : ils sont en effet un modèle d’intégration, ce qui ne laisse pas d’étonner quand on connaît la spécificité réellement très orientale de leur culture.
Commentaires
Cher Yves, n'avez-vous pas vécu la guerre? N'avez-vous jamais entendu des blessés et des égarés coincés "entre les lignes" comme les chrétiens irakiens refoulés de Syrie et de Jordanie, et incapables de rentrer en Irak, sauf à se faire rançonner et tuer?
A propos de cette expression "entre les lignes",je dois avouer ne pas bien savoir le faire quant au commentaire de Jean Paul MESTRALLET. Non.A dire vrai,je ne vois pas le rapport entre l'article ci dessus et le commentaire.
Alors,j'aimerais,s'il vous plait,que l'on m'eclaire.
Personnellement,ce n'est pas la guerre que j'ai vecu mais bien l'asile politique qui nous a conduits ma famille et moi meme a vivre en France.Je suis assyro-chaldeenne et suis en France depuis 1985. Je remercie du fond du coeur le gouvernement de l'epoque qui a accorde a bon nombre de chaldeens le droit a l'asile politique et qui a reconnu a juste titre notre droit. Rappelons les promesses des Allies durant la premiere guerre mondiale et qui n'ont jamais ete tenues. Yves Daoudal,j'apprecie vos lignes.
Bien a vous,
Corinne
POUR CORINNE: j je vous dois donc une explication: après une journée d'assauts et de contre-attaques, dans une guerre de positions, il reste toujours des égarés, des blessés et des mourants "entre les lignes", bloqués par les tirs des deux camps sur tout ce qui bouge, et condamnés à mourir sur plca de soif, de faim et de leurs blessures sauf intervention "miraculeuse".
ce qui est bien analogue au cas des irakiens rejetés de Syrie ou de Jordanie, et incapables de rentrer en Irak. En union de prières
Jean-Paul MESTRALLET,merci de m'avoir eclaire sur vos propos.Je comprends mieux et partage evidemment hautement votre avis.Encore,merci.
Fidèle assidue du Monastère métropolitain de l'Eglise Syro-Orthodoxe-Francophone, je me souviens de l'époque où, en 1996,je crois,le Patriarche Raphaël Ier Bidawid visitait notre chrétienté.
Dès cette époque - que dis-je ?- dès 1993, notre Métropolite Mar Philipose-Mariam, nous invitait à regarder vers ce Peuple dont il devinait qu'il serait meurtri en conséquence de l'inconséquence du Président des Amériques qui, pour chrétien qu'il se prétende, en occupant l'Irak, n'en livrait pas moins ses frères aux réactions exacerbées des Islamistes extrémistes.
Il ne cessa jamais depuis, de nous faire prier pour la paix au Moyen- Orient dont, pense t-il, dépend la paix du monde.
Il n'est pas un dimanche ou nous ne méditions un Chapelet pour "l'unité des Eglises apostolique, la paix au Moyen-Orient et dans le monde" ainsi que "la confortation des chrétientés orientales" .
Nous sommes donc heureux de voir le Saint Père de Rome reconnaître le martyr de ce Peuple qu'il honore en choisissant pour la distinction cardinalice, en la personne du Patriarche Emmanuel II DELLY, l'un de ses fils .
Fondée sur les Iers martyrs, l'Eglise de Perse participera désormais à l'élection du prochain Pape de Rome...