Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’annonce et le résultat

En juin 2005, le gouvernement Villepin annonçait à grand renfort de trompettes le lancement du programme « Défense 2e chance ». Il s’agissait de remettre sur le chemin de l’emploi des jeunes paumés, en leur donnant une formation dans des centres régis par l’armée, sous la houlette de l’EPIDE (Etablissement public d’insertion de la Défense ). Le dispositif devait accueillir 20.000 « volontaires intégration » en 2007.

A ce jour, les 22 centres qui ont été ouverts, d’une capacité totale de 2.500 places, accueillent environ 1.850 jeunes. Moins de 10% que le nombre prévu.

Trois centres qui devaient ouvrir avant juin 2007 n’ouvriront pas, et vingt autres, dont l’ouverture avait été décidée pour fin 2006 début 2007, ont disparu du programme.

Commentaire du ministère de la Défense  : « Tout le monde est absolument convaincu de la pertinence du dispositif, qui va être pérennisé. Mais il faut le remettre d’aplomb pour qu’il soit plus efficace. Si on ouvre les centres à tout va, on risque de mal utiliser l’argent public et de décevoir les jeunes. L’important est l’insertion des jeunes qui entrent dans les centres. »

Donc on n’ouvre plus les centres « à tout va ». Il y a cependant une différence entre ne pas ouvrir à tout va, et réaliser moins de 10% de l’objectif... Et l’on n’ira pas plus loin. On prévoit un budget de 80 millions d’euros pour 2008, tout juste suffisant pour maintenir le dispositif actuel.

On remarque qu’il faut remettre le dispositif « d’aplomb ». C’est un autre euphémisme. La situation des centres existants est catastrophique. Certains d’entre eux sont quasiment déserts parce qu’on les a installés loin de tout. Plusieurs centaines de factures sont en souffrance à l’EPIDE pour des raisons « de forme et de fond », parfois depuis plus d’un an, les fournisseurs ne fournissent plus et les centres ont une réputation de « mauvais payeurs ».

« Sans parler de l’opportunité des dépenses (sic), le problème est que la quasi-totalité des gens qui travaillent à l’EPIDE, issus du privé, ignorent tout des finances publiques », dit quelqu’un de l’EPIDE à l’AFP. Tandis qu’au ministère un anonyme reconnaît : « Le dispositif a été monté dans l’urgence avec une pression politique forte », mais assure : « Les tutelles ont pris conscience de ces soucis et y remédient. La Défense a mis à disposition du personnel pour s’occuper de ces factures. »

L’AFP est allée au centre de Val-de-Reuil (240 places, 110 jeunes). Le directeur a été licencié en juillet et n’a semble-t-il pas été remplacé. Avant son licenciement, il avait écrit une lettre au ministre de la Défense. Il évoquait le « retard considérable » du versement des allocations mensuelles aux jeunes (140 euros par mois), des factures non payées depuis un an, des « manquements à l’éthique et au droit du travail le plus élémentaires dans les horaires de travail et surtout dans les procédures de licenciement », et la valse incessante des adjoints que lui envoie l’EPIDE.

Selon le ministère de la Défense , le taux d’insertion des jeunes passant par ces centres atteindrait 60 à 70%. C’est-à-dire qu’il concernerait 1.100 à 1.300 jeunes. Pour lesquels on verse 80 millions d’euros. Ce qui donne un coût d’« insertion » individuelle compris entre 61.500 et 72.700 euros par an (entre 400.000 et 500.000 F)... Etant entendu qu’insertion n’est pas synonyme d’emploi. Cela peut être l’« accès à une formation qualifiante »...

« C’est un projet très onéreux mais qui a des résultats, et c’est ce qui compte », dit un responsable syndical de la Défense. Et au cabinet de Fadela Amara, dont le ministère est partenaire du dispositif, on dit la même chose. Tant qu’il y a de l’argent public à jeter par les fenêtres...

Dans le même genre, on a aussi les « centres fermés » pour jeunes récidivistes, qui coûtent une fortune, et dont on n’entend plus parler.

Commentaires

  • Ils finiront par comprendre que les ronds n'entrent pas dans les carrés.

Les commentaires sont fermés.