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Mauvaise nouvelle pour l’Europe

Les libéraux de Donald Tusk ont remporté les législatives anticipées en Pologne. Ils obtiennent plus de 41% des voix et 208 sièges à la Diète (sur 460). Le parti des frères Kaczynski obtient 32% et 164 sièges. La gauche obtient 13% et 52 sièges, le parti paysan 8,8% et 35 sièges. Autodéfense et la Ligue des familles polonaises, qui avaient été les très turbulents alliés des Kaczynski, sont laminés, à 1,5 et 1,3%.

La plateforme libérale de Donal Tusk et le parti Droit et Justice des frères Kaczynski sont deux partis de droite. Après les dernières législatives il y avait eu des pourparlers pour une coalition, qui avaient échoué.

La différence entre les deux est que la plateforme libérale est, comme son nom l’indique, libérale. Elle prône un libéralisme économique pur et dur. Sur ce qu’il est convenu d’appeler les « sujets de société », il en va différemment. Les libéraux polonais n’ont aucune intention de revenir sur l’interdiction de l’avortement, ils sont contre l’euthanasie et ne légaliseront pas le « mariage » homosexuel. D’autre part ils sont comme le PiS pour une vraie lutte contre la corruption, et pour la « décommunisation » (mais de façon moins spectaculaire).

La plateforme libérale est souvent accusée d’être « eurosceptique », ce qui est une erreur de perspective. Les libéraux critiquent la bureaucratie européenne et tout ce qui va contre le libéralisme dans l’Union européenne. Mais ils sont de farouches partisans de l’Union européenne, et d’une Union européenne sans frontières (ils sont partisans de l’adhésion de la Turquie ), et d’une Union européenne qui ne soit pas concurrente mais partenaire des Etats-Unis : ce sont des euromondialistes convaincus.

Qu’ils le veuillent ou non, cette position ne peut qu’entraîner une dérive sur les « sujets de société », puisqu’ils se veulent des Européens exemplaires... Déjà, ils ont déclaré que leur gouvernement adhèrera à la Charte des droits fondamentaux, alors que Lech Kaczynski venait d’obtenir à Lisbonne une dérogation pour son pays.

Nous allons donc avoir un gouvernement polonais européiste. L’un des très rares pays qui gênait un peu la construction du magma totalitaire européen rentre dans le rang. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe réelle, celle des peuples et des nations.

Cela dit, les libéraux n’ont pas la majorité absolue à la Diète , et Lech Kaczynski reste président. D’autre part, Donald Tusk n’est pas un personnage plus « facile » que nombre de ses concurrents. Il s’est fâché avec les personnalités avec lesquelles il avait créé son parti, puis avec d’autres compagnons de route. La victoire de la plateforme libérale est sa victoire personnelle (et sa revanche) contre les frères Kaczynski. Nul ne peut dire ce qui en sortira vraiment.

Commentaires

  • Il faut faire attention avec la notion de libéralisme économique. Chacun y met ce qu'il veut. Bcp, surtout à gauche, le confondent avec l'anarchisme et, par conséquent, y voient la loi de la jungle.

    Les libéraux, dont je fais partie, demandent à ce que la concurrence soit respectée et promue, sans cela, les plus gros, ceux qui ont une position dominante, pourront imposer leur loi et là ce sera la loi du plus fort. Ce serait le cas de Microsoft s'il n'était bridé par les lois anti-monopolistiques.

    Pour cela, l'Etat doit être fort et se concentrer sur ses fonctions régaliennes (police, justice, armée, etc.) Au niveau économique, son rôle doit être de fixer les règles et de les faire respecter. Il doit être arbitre et non pas joueur. C'est le principe de subsidiarité.

    Cette vision est celle de la Doctrine sociale de l'Eglise. Elle rejoint d'ailleurs de bcp ce que j'ai pu lire du programme économique du FN. Elle n'est pas incompatible avec des règles morales strictes.

    Le tout est de mettre des limites. Personellement, je considère que la liberté est le meilleur moyen de s'enrichir. C'est par l'échange et la concurrence que les pays se sont enrichis, pas par les guerres. Cependant, il faut considérer que l'efficience économique n'est pas la valeur suprême.

    En ce qui me concerne, je mets Dieu, la morale et la patrie au-dessus. D'où mon souhait de limiter cette liberté pour défendre par exemple l'industrie nationale ou pour nous protéger de cette uniformisation des valeurs et des cultures au niveau mondial. Mais il faut savoir doser le mélange liberté/régulation. Je crois que le débat est là. Condamner le libéralisme sans nuancer son propos est absurde. La France n'est pas un pays libéral au sens économique du terme, loin de là. Ca ne l'a pas empêchée de sombrer moralement et religieusement.

  • Pour une vision libérale et catholique de l'économie, je ne peux que vous recommander l'excellent site www.libres.org.

    Les auteurs se réclament de Smith, Hayek, Friedman pour l'économie, mais collent au Pape et à la doctrine catholique pour les questions de morale et de société. Et d'économie bien sûr.

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