Jean-Marie Le Pen était reçu hier par la commission Balladur sur la réforme des institutions.
« Au travers de cette invitation, il semble désormais acquis que la détestable pratique du cordon sanitaire qui aboutissait à traiter les millions d'électeurs du Front national comme des pestiférés soit définitivement remise au rang de vestige de l'ère Chirac », a-t-il d’abord constaté. Avant de déplorer néanmoins que cette commission « ne représente pas les principaux courants d'idées au sein de notre République, puisqu'aucun représentant du Front national n'y siège ».
Mais pendant une heure, Jean-Marie Le Pen, qui était accompagné de Marine, de Louis Aliot et de Jean-Claude Martinez, a pu s’exprimer sur les institutions, sur la façon dont elles sont aujourd’hui vécues, et sur ce qu’il faudrait modifier.
« Avec la Ve République , notre pays semble doté de deux Constitutions, l’une parlementaire, l’autre présidentielle », a-t-il dit. Il faudrait « clarifier les compétences de l’exécutif bicéphale, sans tomber dans les travers du régime présidentiel à l’américaine trop éloigné de nos mentalités et de notre culture institutionnelle ».
« Force est de constater que le président de la République n’est plus aujourd’hui arbitre mais capitaine d’équipe. » Et le quinquennat a « consacré l’omnipotence du président comme chef de la majorité ». C’est pourquoi Jean-Marie Le Pen est plus que jamais partisan d’un septennat non renouvelable.
Il conviendrait de « repréciser la mission du chef de l’Etat qui est de déterminer la politique de la nation ». « En ce qui concerne le gouvernement, il faut le consacrer pleinement comme l’équipe de mise en œuvre de la politique présidentielle responsable devant le Parlement. »
Concernant le Premier ministre, Jean-Marie Le Pen souhaite que soit inscrit dans la Constitution que le président le nomme mais aussi le révoque. « Ce serait la constitutionnalisation de son rôle de fusible présidentiel en cas de crise, et le refus de toute cohabitation au sommet de l’Etat. » Car toute réforme « implique que le président engage sa responsabilité politique et tire les conséquences d’une éventuelle défaite des partis qui le soutiennent lorsqu’il procède à la dissolution de l’Assemblée en cours de mandat ».
Jean-Marie Le Pen demande aussi une « revalorisation du rôle du Parlement dans ses initiatives ». Il se prononce contre un statut de l’opposition, jugeant que cela créerait un « système bipartisan ».
Au contraire, il a réitéré sa position sur le mode de scrutin, à savoir la proportionnelle intégrale pour toutes les assemblées, afin que l'ensemble des courants d'opinion soient représentés. Et il a demandé de nouveau l’anonymat des parrainages pour la présidentielle.
Il a rappelé sa proposition du référendum d'initiative populaire sur les grands sujets de société.
Il a également demandé qu’il soit mis à « l'oligarchie » du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), du Conseil constitutionnel et du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), en élisant la moitié de leurs membres au suffrage universel direct.