Le pédocriminel Francis Evrard a déclaré que le viagra qu’on a trouvé dans sa poche lui a été prescrit par le médecin de la prison, parce qu’il voulait voir des femmes à sa sortie...
« Le ministère de la Santé a diligenté une enquête pour vérifier s’il y a eu une prescription », a déclaré hier Rachida Dati. Francis Evrard n’avait pas d’ordonnance sur lui.
Au-delà du cas particulier, et de l’énorme scandale que serait une prescription de viagra à un délinquant sexuel multirécidiviste, il est ahurissant d’apprendre que du viagra peut être prescrit dans les prisons.
Le fait est d’ailleurs peu connu. Dans un premier temps, l’AFP s’est adressée au psychiatre Edouard Herszkowicz, considéré comme un spécialiste du suivi des délinquants sexuels en prison, directeur du service d’addictologie à l’hôpital de Grasse, expert près la cour d’appel d’Aix-en-Provence, membre de l’association Sauvegarde de l’enfance, organisateur l’an dernier du colloque annuel de Santé et Justice sur le thème « Le plaisir et la loi », etc. Or le Dr Herszkowicz se disait « surpris que l’on prescrive du viagra à quelqu’un chez qui se pose plutôt l’éventualité d’un traitement hormonal de castration chimique », et ajoutait : « A ma connaissance, il n’y a pas de prescription de viagra en prison. »
Or le lendemain, un responsable de l’Observatoire international des prisons, François Bès, expliquait qu’un détenu pouvait parfaitement se faire prescrire du viagra. Parce que depuis une loi de 1994 les détenus doivent bénéficier des mêmes soins que les personnes libres. Et pour ce faire les établissements qui soignent les détenus ne dépendent pas de l’administration pénitentiaire mais du service public hospitalier... Il précisait que le viagra peut être prescrit en prison en vue d’une permission de sortie ou d’un accès à une « unité de vie familiale » (un parloir de longue durée...), ou encore en vue de la sortie de prison...
Autrement dit le viagra peut être très largement prescrit (rien n’empêche le détenu de le conserver après sa permission de sortie, ni bien entendu de le revendre à des codétenus, etc.), avec ce que cela comporte quant aux viols entre détenus dont on sait hélas qu’ils sont courants.
Que Francis Evrard ait eu ou non une ordonnance ne change rien au scandale permanent de la délivrance de viagra à des détenus, et au détournement criminel de l’exigence de l’égalité des « soins ».
Adendum. Le viagra lui a bien été prescrit par un médecin, qui ignorait tout, dit-il, du dossier judiciaire et médical du pervers.