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Ingérence

Le parlement de l’île de Sercq a voté en faveur de la tenue d’un référendum, en 2011, qui portera sur l’adoption de la « démocratie » dans l’île.

Le parlement de l’île anglo-normande est composé de 52 membres : les 40 « tenants », héritiers des 40 premiers « propriétaires » terriens de l’île (le terme propriétaire est inexact puisque tout appartient au seigneur de Sercq : le mot tenant veut dire locataire), et 12 « concierges », représentants élus des « non-propriétaires ».

Sercq, nous dit-on, est « contrainte » à ce référendum par l’Union européenne, qui juge que ce parlement « féodal » est en infraction avec la Convention européenne des droits de l’homme... Alors qu’aucun habitant de l’île ne souhaite changer des institutions qui fonctionnent à la perfection pour le bien-être de tous.

Or l’île de Sercq, comme les autres îles anglo-normandes (en dehors de l’archipel français de Chausey), ne fait pas partie de l’Union européenne. Car elle ne fait pas partie du Royaume-Uni. Elle dépend de la Couronne britannique, et c’est uniquement par son titre de « Duc de Normandie » que le roi d’Angleterre y exerce sa suzeraineté.

Mais c’est donc l’Union européenne qui décide du régime politique de Sercq, en s‘arrogeant une suzeraineté qui ne figure dans aucun traité. La féodalité impliquait le respect des serments. Si Sercq est féodale, l’Union européenne est impérialiste et dictatoriale. Ce qui est encore plus contraire à la Convention européenne des droits de l’homme.

On remarquera aussi que l’Union européenne se sert précisément de la féodalité pour supprimer le régime féodal : car naturellement le diktat est relayé par le « duc de Normandie », à savoir Elizabeth II, qui fait pression sur Sercq.

Commentaires

  • Sercq, nouveau haut-lieu de la Resistance et de la dissidence ?

  • Si mes souvenirs sont bons, tout allait bien jusqu'à ce que quelque nouveau riche débarque à Sercq et mécontant du régime féodal, pourtant nul ne l'obligeait à s'y établir - en toute connaissance de plus, ne fasse un remue ménage tel que l'UE se penche sur cet îlot tranquille et épargné de la bureaucratie totalitaire bruxelloise.

    Il fit tant et si bien qu'il importat sur l'île que le communisme avait jusqu'ici épargné la lutte des classes, montant les concierges contre les tenants.

    Vous pouvez finir l'histoire.

    [YD: exact. Il s'agissait des frères Barclay. L'histoire se trouve ici: http://www.blogg.org/blog-56171.html]

  • La "convention européenne des droits de l'homme" n'a rien à voir avec l'Union européenne (en dépit des apparences). Dans cette affaire l'UE est parfaitement innocente.

    C'est effectivement une décision de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) qui a imposé à Serq l'abandon du système féodal. Mais la CEDH est un organe du Conseil de l'Europe, organisation intergouvernementale distincte de l'Union européenne.

    Cette organisation qui réunit une quarantaine d'Etats (dont la Russie, la Turquie ou encore Monaco) a été fondée en 1948. Son but premier est la défense des droits de l'homme, de la démocratie et de l'Etat de droit. Son principal instrument est la "convention européenne des droits de l'homme" signée en 1950. Le Conseil de l'Europe et la CEDH ont leur siège à Strasbourg.

    Beaucoup de pays et territoires ont signé et ratifié la convention et donc reconnu la juridiction de la CEDH, sans pour autant adhérer à l'Union européenne. Il me semble que c'est le cas de Serq.

    [La Cour européenne des droits de l'homme est un tribunal, qui a en effet condamné Sercq dans l'affaire Barclay, en 1999. Un tribunal n'a pas qualité pour faire modifier un système parlementaire. Même s'il n'y a pas de lien juridique entre la Cour et l'UE, l'UE s'empresse de relayer la Cour et de se faire, quand elle le peut, son bras armé. En l'occurrence, on le voit par le fait que c'est la reine qui fait pression sur Sercq, contrairement aux traditions de la Couronne. Y.D]

  • L'expression "droits de l'homme" est entendue différemment par les papes et par les tenants du laïcisme démocratique.

    Pour les papes, ces droits sont fondés sur la dignité de la nature humaine créée à l'image de Dieu, en pratique c'est le droit à la vie d'abord, c'est l'égalité fondamentale des êtres humains, des droits des humains, donc la liberté, la liberté religieuse etc.

    Pour les laïcistes, il s'agit d'une idéologie totalitaire qui est fondée sur l'autonomie de la volonté. Devant cette volonté aucun droit ne tient, la loi est absolument libre, d'où le droit à l'avortement, l'obligation pour les sociétés de s'organiser d'une certaine façon (suffrage universel), confusion des sexes, promotion de l'homosexualité etc.

    Il faudra bien un jour sortir de cette ambiguité, d'autant plus nécessairement que sur certains points les deux conceptions sont d'accord en pratique (par exemples présomption d'innocence, principe de liberté).

  • Sans doute l'UE fait-elle pression, mais je maintiens qu'il n'est pas exact d'affirmer que "c’est l’Union européenne qui décide du régime politique de Sercq, en s‘arrogeant une suzeraineté qui ne figure dans aucun traité". C'est au contraire la CEDH qui interprète comme contraire à la convention de 1950, le régime féodal, en vertu de la juridiction que Serq lui a reconnu ou qu'elle a acceptée. C'est la CEDH seule qui impose un changement de régime. La position de l'UE en la matière est indifférente, en particulier elle n'a aucune valeur juridique. J'ajoute que la CEDH n'a nul besoin de l'UE pour imposer sa volonté.

    Le problème n'est donc pas l'ingérence injustifiée de l'UE dans les affaires d'un Etat tiers, mais la conception pour le moins contestable des droits de l'homme telle qu'elle figure dans la convention de 1950, et telle que l'interprète la CEDH. Et qui imprègne tous les responsables politiques européens, au niveau des Etats, de l'UE et du Conseil de l'Europe.

  • Tout à fait d'accord avec Arnaud. Merci.

  • "J'ajoute que la CEDH n'a nul besoin de l'UE pour imposer sa volonté."
    Certes... Si ce n'était point l'UE ce serait alors l'OTAN... en passant éventuellement par la précieuse case "The Crown", puisque le cas échoit.
    Sans vouloir polémiquer à loisir, ni surflatter l'auteur (mais complimenter, oui!), je soutiens Yves Daoudal dans le choix de ses mots et de ses expressions. Le rendu de l'Omnivore serait d'ailleurs plus exact encore : "La grosse comission vient de faire là où encore on n'en veut pas. L'Europe en ses terres jardinées aux rares soignées ancestrales épandues au lisier euro-bruxellois. La couronne de Londres prète la main."
    M'enfin je n'suis qu'un poëte...

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