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Le « courage » de Sarkozy

Nicolas Sarkozy a accordé un grand entretien au Figaro de ce jour. Si l’on en retire les appels à lui donner une très large majorité à l’Assemblée nationale, les rappels à l’ordre adressés à ses troupes, voire à ses ministres, les annonces vagues liées à ses promesses de campagne, et des propos anodins de politique étrangère, que reste-t-il ?

Les commentateurs remarquent bien sûr l’annonce qu’il va recevoir toutes les formations politiques « représentées à l’Assemblée, au Sénat et au Parlement européen » pour évoquer une éventuelle réforme du mode de scrutin des législatives. La mention du Parlement européen implique qu’il recevra aussi le Front national. Et on lui pose explicitement la question : « Y compris le Front national ? » Il répond qu’il n’a pas de raisons de l’écarter puisqu’il a des élus, et il précise qu’il s’agit de savoir si un consensus peut se dégager en faveur d’une « dose minoritaire de proportionnelle ».

En réalité il n’y a là rien de nouveau. Nicolas Sarkozy a déjà reçu, courtoisement, des représentants du Front national, pour évoquer les questions électorales, quand il était ministre de l’Intérieur. Mais il est vrai qu’au niveau présidentiel, cela change de l’opiniâtre ostracisme chiraquien. Quant à la proportionnelle, on sait que Nicolas Sarkozy, après en avoir rejeté l’idée, avait changé d’avis à la fin de la campagne électorale. Mais s’il s’agit de donner quelques sièges en faisant en sorte que, même avec un score élevé, le Front national (ou tout autre parti) ne puisse pas constituer un groupe, ce ne sera qu’une mystification.

On remarque aussi une nouvelle révérence au politiquement correct et à la pensée unique, en ce qui concerne la nomination de nouveaux secrétaires d’Etat après les législatives. Ils devront « répondre à des critères  de diversité à la fois par leurs origines territoriales, leurs origines politiques [poursuite de l’ouverture à gauche et au centre], et être représentatifs de la France multiple », non sans oublier le respect scrupuleux  de la « parité »...

Mais ce qui frappe le plus dans cet entretien est de nouveau l’européisme du Président.

Le 14 juillet, il va « inviter un détachement militaire des 26 pays de l’Union européenne » et organiser « un grand concert en l’honneur de la France et de l’Europe ». Il ne conçoit pas la fête nationale comme... nationale. Il faut absolument que « l’Europe » soit au premier plan.

Mais beaucoup plus révélateur est ce qu’il dit à propos du traité simplifié : « Cela progresse parce que certains de nos partenaires ont compris que la France, en élisant un président de la République qui a eu le courage de s’engager sur une ratification parlementaire, apporte les clés pour sortir de la crise européenne. »

Nicolas Sarkozy a eu le « courage » de renier le vote des Français et d’annoncer qu’il annulerait le résultat du référendum en faisant voter le traité par les parlementaires. Et malgré cet insultant désaveu qu’il infligeait au peuple français, il a été élu. Chapeau l’artiste. Sarkozy a ainsi acquis un prestige auprès de ses pairs, qui lui donne l’avantage dans les négociations sur le nouveau traité...

C’est bien ce que l’on voit en effet. Alors qu’avant la présidentielle les capitales européennes rejetaient le « mini-traité » sarkozyen ou le tournaient en dérision, aujourd’hui c’est devenu la référence dans les discussions bilatérales, avant de l’être au sommet des 21-22 juin.

Il est évident que s’il obtient une large majorité aux législatives, son prestige en la matière sera encore accru. Il est vraiment urgent que les Français ouvrent les yeux.

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