Nicolas Sarkozy a participé comme prévu à un meeting hier au Havre, agissant ainsi non en Président de tous les Français mais en chef de parti en campagne pour les législatives.
On peut se demander s’il n’était pas toujours en campagne pour la présidentielle, du reste, avec son discours contre la pensée unique, qu’il a pourtant installée au gouvernement (Juppé, Kouchner, etc.), et ses promesses diverses et variées, dont certaines ont déjà été contredites par des ministres ou par lui-même.
Il a ainsi surpris tout le monde en déclarant que la déduction fiscale des intérêts sur les emprunts immobiliers s’appliquera à tous les emprunts en cours : « La pensée unique s’oppose à la déduction du revenu imposable des intérêts des emprunts contractés pour l ‘achat de sa résidence principale. Cette déduction, je l’ai promise et je la ferai. Les intérêts seront déductibles à partir du jour où la loi sera votée, et cette déduction, comme je m’y suis engagé, s’appliquera à tous les emprunts en cours. »
Or, il y a quelques jours, le ministre Eric Woerth avait très précisément dit le contraire : cette déduction ne s’appliquera pas à tous les emprunts en cours mais seulement « aux résidences principales dont l’acte authentique de vente a été signé après le 6 mai 2007, jour de l’élection du président de la République ».
On veut bien croire que ce soit le Président qui ait raison, mais on aimerait savoir comment son ministre a pu affirmer le contraire de façon aussi claire.
Pendant ce temps-là, Bernard Kouchner était en voyage. Il s’est rendu au Forum Asie-UE, à Hambourg, où il a parlé du Darfour avec le secrétaire général de l’ONU et avec les Chinois. Il s’en est pris violemment à son homologue birman à propos de Aung San Suu Kyi, et a aussi répondu grossièrement au ministre polonais des Affaires étrangères qui lui expliquait la position de son pays quant aux institutions européennes : « Mais vous êtes contre toute l’Europe ! »
Et pendant que l’ex french doctor amusait la galerie à Hambourg avant de le faire à Potsdam au sommet du G8, on apprenait que celui qui est semble-t-il le vrai ministre des Affaires étrangères de Sarkozy, Jean-David Levitte, était allé secrètement à Ankara à la fin de la semaine dernière pour « évoquer l’ensemble des relations turco-françaises », selon un diplomate anonyme... Dans l’entourage de Sarkozy, on a confirmé que Levitte était à Ankara « pour essayer de trouver une façon de travailler avec les Turcs ».
De source diplomatique turque, on confirme que Sarkozy ne mettra pas son veto à l’ouverture des discussions, fin juin, sur trois nouveaux chapitres des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
A l’issue de son entretien avec Romano Prodi, lundi, Sarkozy avait répété que sa priorité est la réussite du Conseil européen des 21-22 juin, et il avait ajouté : « Pour le reste, et je n’ignore pas qu’il y a une question de négociation, le véritable rendez-vous est en décembre 2007 ». Il faudra donc attendre le Conseil européen qui conclura la présidence portugaise de l’UE pour en savoir plus. En attendant, les négociations d’adhésion se poursuivent, avec un pays d’Asie mineure qui ne reconnaît toujours pas un des membres de l’Union européenne...