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Paisley et McGuinness

Assurément, il serait passé pour un fou, celui qui aurait dit il y a quelques années à des militants protestants et à des militants catholiques d’Irlande du Nord que le chef des activistes « loyalistes » et un chef de l’IRA dirigeraient un même gouvernement.

C’est pourtant fait, en ce jour véritablement historique pour l’Irlande du Nord. Ian Paisley est devenu Premier ministre d'un gouvernement partagé entre catholiques et protestants. Son vice-premier ministre est Martin McGuinness.

Co-fondateur et actuel « modérateur » (c’est-à-dire président) de l’Eglise presbytérienne libre d’Irlande du Nord, fondateur du brûlot anticatholique Protestant Telegraf, président fondateur du parti unioniste démocrate (DUP) qui a toujours été violemment opposé à tout accord avec les catholiques (milices à l’appui), Ian Paisley, 81 ans, est depuis toujours, peut-on dire, l’âme et le moteur de l’activisme protestant le plus sectaire (justifiant sans ambages les incendies d’églises), et il faut être allé sur place pour comprendre ce qu’est la haine « anti-papiste ». Les députés européens en eurent une illustration lors de la visite de Jean-Paul II à Strasbourg, où l’on entendit Paisley crier, à plusieurs reprises : « Je te dénonce, anti-Christ ! »

A ceux qui évoquaient les très injustes discriminations dont souffrent les catholiques en matière de travail et de logement, il répondait qu’il préférait être Britannique que juste, et il disait que les catholiques « se reproduisent comme des lapins et se multiplient comme la vermine ».

Voici donc que l’extrémiste Ian Paisley, qui n’était guère plus en odeur de sainteté à Londres que chez les catholiques, devient Premier ministre, flanqué d’un authentique ancien dirigeant de l’IRA… (élu à l’éphémère parlement nord-irlandais de 1982 il fut interdit de séjour en Grande-Bretagne au nom de la loi anti-terroriste).

Les prestations de serment ont eu lieu au parlement de Stormont, où s'étaient rendus pour l'occasion les Premiers ministres britannique Tony Blair et irlandais Bertie Ahern, qui ont beaucoup travaillé, ensemble, pour régler le dossier.

Paisley et McGuinness ont promis de « servir tout le peuple d'Irlande du Nord de manière égale », et de « promouvoir l'intérêt de toutes les communautés pour un avenir partagé ».

Peu avant son investiture, Ian Paisley avait salué un « nouveau départ » pour l'Irlande du Nord, et invité les Nord-Irlandais à « relever le défi ». « Nous entamons un chemin qui va ramener la paix et la prospérité », a-t-il ajouté.

Martin McGuinness s'est dit « de plus en plus confiant que tout ça va marcher. Mon expérience de travail avec Ian Paisley a été très bonne ».

Le ministre britannique à l'Irlande du Nord Peter Hain a déclaré : « L’Irlande du Nord est à l'aube d'un nouveau futur démocratique. Il y aura des hauts et des bas sur le chemin mais je pense que cela va tenir et je pense que cela va fonctionner. » Et d’ajouter : « J'ai vu une alchimie (entre Paisley et McGuinness) surtout que jusqu'à il y a quelques semaines ils n'avaient jamais échangé un mot. Leur affinité personnelle est très bonne et j'ai été extrêmement impressionné par leur approche digne du monde des affaires pour réellement se mettre au travail comme jamais auparavant. »

Le sénateur américain du Massachusetts, Ted Kennedy, qui avait fait le déplacement en raison de ses racines irlandaises et de son engagement pour la paix en Ulster, a salué « l'extraordinaire courage politique » des dirigeants nord-irlandais et parlé d'une « victoire sur les bombes et les balles ».

Les institutions nord-irlandaises étaient suspendues depuis quatre ans et demi.

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