Sous ce titre, Jean Leclerc a publié dans L’Hermine, le bulletin du Front national du Finistère, le texte que nous reproduisons ici.
De l'Alsace à la Bretagne , du Pays niçois à la Normandie , le débat sur le régionalisme s'est invité dans la campagne électorale après les paroles malheureuses de Marine le Pen, lors de l'émission de Serge Moati, "Ripostes" du 21 janvier dernier. Paroles d'ailleurs quelques fois déformées ou tronquées, mais à coup sûr, critiquables !
L'Idée bretonne, Lettre de liaison pour une Bretagne enracinée (http://www.lideebretonne.org) avait raison de souligner : "L'honnêteté nous commande de le dire, Jean-Marie Le Pen a refusé de reprendre à son compte les déclarations de sa fille. Ainsi que souligné par Rivarol, "ce Breton enraciné, attaché à son terroir, (a ensuite) déclaré très clairement à la presse régionale que le bilinguisme est tout à fait légitime et que le Front National ne méconnaît pas les spécificités culturelles du pays". Jean-Marie Le Pen, et non sa fille, est bien le candidat du FN à l'élection présidentielle".
Voilà qui est raison gardée ! C'est dans cet esprit que je réagissais moi-même dans ce même Rivarol, réaction reprise partiellement dans National Hebdo, sous le titre Union des patriotes, quel périmètre ? "Jean-Marie Le Pen a lancé un appel à l'Union des Patriotes. Bravo ! Déjà quelques leaders "nationaux" ont répondu positivement et l'Union prend corps. Mais pourquoi cet appel ne s'adresserait-il pas également à tous les Régionalistes conscients des graves dangers qui nous menacent tous ? Sans doute faudrait-il que le Front National adopte une ligne politique moins jacobine et s'ouvre aux sensibilités des défenseurs des Provinces qui furent autrefois indépendantes ou pour le moins plus autonomes par rapport au pouvoir central. Ce qu'a réussi magistralement Bruno Gollnisch au parlement européen avec la création du Groupe ITS devrait être possible au niveau de notre Hexagone. Identité, Tradition, Souveraineté, ça sonne bien avec Province Mais il faudrait aussi que Marine Le Pen arrête de prendre des positions suicidaires contre les langues régionales, par exemple. Si elle veut plomber la candidature de son papa, elle ne pourrait mieux faire !"
Tandis que la mise au point de Marine Le Pen ne clarifiait pas vraiment le débat, nous avons alors découvert, avec stupeur, une nouvelle prise de position, heureusement plus confidentielle, celle d'Adsav ! qui se veut être "le parti breton" : Election française, Abstention bretonne !
Stupeur et consternation ! Cette stratégie d'enfermement ne mène à rien. Et de plus, les Bretons, pas plus que les autres Français, ne sont des acharnés du boycott, qu'il soit commercial, culturel ou politique. L'abstention mêle dans le même chaudron, les paresseux, les insouciants et les farfelus ! Dès lors, le ridicule n'est pas loin !
Mais il faut aussi argumenter un peu plus en profondeur… C'est vrai, en 1917, les Irlandais avaient profité de l'engagement de l'Angleterre dans la guerre de 14 pour lancer leur offensive d'indépendance. En 1940, certains Bretons avaient lancé une opération un peu similaire en tentant d'enfoncer un coin entre Paris et Berlin. Cette initiative avait fait long feu. Et ces Bretons ont payé lourdement leur engagement. Mais le contexte d'alors n'avait rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd'hui :
– Dans un passé plus lointain, les Régions s'inséraient dans une structure monarchique de l'Europe et des Nations.
– L’ONU – le "grand machin", dixit De Gaulle ! – n'existait pas et donc n'imposait pas, aux plus faibles, la loi des plus forts.
– Le mondialisme, hydre économico-financière, ne régnait pas en maître. L'horizon des hommes était celui de leur village, au plus loin de leur capitale.
– Le "politiquement correct" n'étouffait pas la réflexion politique et l'expression culturelle. Les lobbies existaient sans doute, mais leurs cercles d'influence étaient bien restreints à comparer à ceux des lobbies triomphants d'aujourd'hui.
– Le déferlement de l'immigration sur l'Europe, la pression conquérante de l'Islam ne menaçaient pas notre indépendance, notre liberté.
D'ailleurs, on peut rappeler les engagements de quelques grandes figures bretonnes :
-- L'abbé Perrot, grand défenseur de la langue et de la foi bretonnes, pendant la guerre 14, sera brancardier sur le Front. Il rentrera en Bretagne avec une citation pour sa bravoure et son dévouement.
– Le poète groisillon Jean-Pierre Calloc'h, lui, sera tué sur le Front, le 10 avril 1917. Son poème "Prière du guetteur" est un bel hymne au patriotisme national et provincial.
– Plus tard, pendant l'autre guerre, le barde Taldir Jaffrenou, sera même décoré de la Légion d'Honneur !
– Yann Fouéré ne fut-il pas, tout à la fois, fonctionnaire de la République et militant breton ?
– Le comte Albert de Mun ne cumula-t-il pas les fonctions de président du Bleun-Brug, en Bretagne, et de député à Paris ?
Alors, il faudrait renier Chateaubriand, Tabarly, le colonel Remy, Botrel et même Louison Bobet, et une foule d'autres Bretons ?
Mais, c'est vrai aussi que j'ai été choqué par les propos jacobins de Marine Le Pen sur le régionalisme en général et les langues régionales en particulier. Je dois avouer également que je regrette que Jean-Marie Le Pen ne manifeste pas plus son attachement à notre Bretagne. Mais…
Oui, une autre stratégie loin de l'abstention est possible. Dépassant les vieilles rancunes, délaissant les griefs, face aux dangers qui nous menacent tous, les militants nationalistes bretons peuvent s'engager hardiment dans la campagne.
Quitte à présenter ensuite la "facture" à Jean-Marie Le Pen ! Nationalistes de nos Provinces, unissons-nous !
L'abstention, c'est la mort lente, une mort acceptée ! Et moi, je veux vivre ! Je ne m'abstiendrai pas !
Le 22 avril, je voterai ! Je voterai Jean-Marie Le Pen !