Jean-Marie Le Pen présentait en fin de matinée ses vœux à la presse. La grande salle du paquebot, rue Dantan, était quasiment pleine de journalistes. C’était une nuée de perches et de caméras. Du jamais vu depuis… depuis le premier tour de l’élection présidentielle de 2002.
Saisissant contraste entre cette marée médiatique et ce que devait dénoncer une fois de plus Jean-Marie Le Pen : « Le Front national et moi-même n’avons eu au cours des huit premiers mois de 2006 que 1,24% du temps de parole politique total dans les journaux télévisés » des chaînes hertziennes.
C’est une véritable schizophrénie. Les médias savent que c’est autour de Le Pen qu’il se passe quelque chose d’important. Mais ils ne doivent pas le dire, et leur tâche est de continuer d’endormir l’opinion avec le « match Ségo-Sarko ».
La question est maintenant de savoir jusqu’à quand ils vont pouvoir continuer cette fiction désinformatrice. L’inquiétude perce depuis la série de vœux de Jacques Chirac. Le président de la République a gravement déstabilisé le paysage, en évoquant plusieurs réformes qui, mises bout à bout, font une sorte de programme présidentiel, surtout quand il précise que la baisse des impôts sur les sociétés se fera en cinq ans : le temps d’un mandat. En outre, cette promesse est typiquement une promesse du candidat Chirac : bien grosse, bien frappante, et parfaitement illusoire.
Dès les vœux du 31 décembre, Jean-Marie Le Pen avait remarqué qu’il s’agissait de « vœux de candidat à la présidentielle ».
Même si les cercles élyséens affirment que Chirac ne sera pas candidat, le résultat est là. Surtout, qu’il soit ou non candidat, il est manifeste qu’il fera tout pour empêcher Sarkozy d’être élu. Et qu’il a commencé son travail de sape tambour battant.
De ce point de vue, la reprise (dès le 31 décembre) de l’idée du droit au logement opposable, dont Villepin a aussitôt fait un projet de loi, est significative. C’est Sarkozy qui en avait fait un cheval de bataille. Le voilà tout à coup déshabillé. On oublie souvent de constater que ce droit opposable était une revendication de Christine Boutin. Sarkozy avait repris l’idée à son compte, phagocytant Christine Boutin et la réduisant à néant. Chirac utilise le même procédé vis-à-vis de Sarkozy…
Et il convient de remarquer qu’il s’agit d’une idée de gauche, voire d’extrême gauche. Faire du « droit » au logement un droit absolu opposable en justice, c’est une négation du droit de propriété, et une idée faussement généreuse qui ne pourrait qu’aboutir à des catastrophes si par malheur elle était appliquée. C’est le genre de « droits » qui étaient appliqués dans les pays communistes. On a vu ce que donnait le droit au logement (des appartements minuscules dans d’horribles barres de béton, un avenir de pénurie figé dans la grisaille), et le droit au travail qui, en effet, faisait qu’il n’y avait pas de chômeurs : c’était la misère pour tous, sauf pour la nomenklatura.
« Au moment où la démagogie coulant à pleins bords, les politiciens se proposent de créer de nouveaux droits, il en est un, essentiel en démocratie, qu’il faudrait respecter, c’est le droit de savoir, le droit à la vérité dont sont frustrés les citoyens français », a remarqué Jean-Marie Le Pen. La vérité sur le déclin de la France, sur l’état de la France, sur sa disparition dans le magma euro-mondialiste. La vérité sur ce qu’il faut faire pour en sortir. La vérité sur la possibilité de le faire, à condition d’avoir la lucidité et le courage, deux mots martelés par Jean-Marie Le Pen.
Reste aux médias à avoir la lucidité et le courage de présenter à l’opinion publique le candidat de la renaissance française, qu’ils font semblant d’ignorer alors qu’ils le mitraillent de leurs flashes et le bombardent de questions.