Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bécassine au pays du Laogai

Marie-Ségolène a plusieurs cordes à son arc. Quand elle ne fait pas la Mère Ubu , elle sait faire Bécassine. On l’avait déjà remarqué, mais en Chine elle s’est surpassée.

On a beaucoup daubé sur sa « bravitude », sans doute en chinois dans le texte. Un lapsus est toujours possible, encore que « bravitude » en soit un très laid. Mais Bécassine, au lieu de glisser sur l’accroc, s’est enfoncée dans le ridicule, en prétendant assumer pleinement le vilain mot : «  La Grande Muraille m’a inspirée, c’est de la poésie, de la philosophie », a-t-elle commenté après coup. La poésie et la philosophie de la bravitude, voilà qui pourra faire un sujet du bac, quand on aura de nouveau au ministère de l’Education Jack Lang, qui se dit « un peu envieux » de Marie-Ségolène car il aurait « aimé inventer ce beau mot »…

Mais la bravitude ne doit pas masquer l’essentiel. La candidate socialiste à l’élection présidentielle a été « invitée » en Chine par le parti communiste chinois. Plus précisément, comme elle ne pouvait pas se faire inviter par le gouvernement, elle s’est fait inviter par le parti. Le parti unique, le parti de la répression communiste, le parti du très réel et atroce goulag chinois qui s’appelle le Laogai, le parti qui ne tolère aucune dissidence de quelque sorte qu’elle soit, et qui marie le totalitarisme idéologique le plus rigide avec le capitalisme le plus débridé : le « modèle » le plus inhumain de la planète.

Je ne sais pas qui je rencontrerai, avait avoué Marie-Ségolène, car c’est le parti communiste qui déterminera le programme. Arborant en permanence son sourire de Bécassine,  elle a donc suivi le programme qu’on lui avait préparé. Sans surprise, c’est le circuit obligé : Bécassine sur la Grande Muraille , Bécassine à la Cité interdite, Bécassine au centre de Pékin, Bécassine sur le site des Jeux Olympiques de la honte, le thé de Bécassine dans une famille modèle… « Une famille chinoise tout à fait typique, mais très harmonieuse et qui est heureuse », précise le traducteur du parti. Et Bécassine de s’exclamer : « C’est important d’être au contact de la population, y compris dans la vie quotidienne, je tiens toujours à avoir un contact dans les quartiers. » Il s’agissait d’un quartier résidentiel, et la population se réduisait à un couple de fonctionnaires exemplaires et à leur fille unique elle aussi fonctionnaire et tout aussi exemplaire, selon les critères du parti communiste.

Marie-Ségolène s’est également réjouie d’avoir pu converser longuement avec des membres de l’association des femmes migrantes, qui lui ont expliqué comment elles avaient quitté la campagne pour la ville, ignorant tout de leurs droits, et comment elle avaient conquis le respect de ces droits. Bécassine était émerveillée de cette conquête de la « dignité » par ces femmes elles-mêmes, et elle a vu « comme un signe positif » que les autorités chinoises lui aient « facilité » cette rencontre, comme celle aussi avec des « militants de la défense de l’environnement ». Alors que bien entendu il s’agissait toujours du programme officiel concocté par le parti communiste.

Lequel parti a ainsi réussi une belle opération de propagande. En faveur de Marie-Ségolène, mais aussi et surtout en sa propre faveur : nos médias ont repris sans sourciller la propagande communiste véhiculée par Marie-Ségolène.

Car c’était, aussi, Bécassine à la télé…

Commentaires

  • Comparer Ségolène à Bécassine, ce n'est pas gentil pour ... Bécassine. A sa naissance, Bécassine n'était pas aimée des Bretons qui avaient organisé un commando pour subtiliser sa réplique du Musée Grévin ! Depuis les choses se sont un peu arrangées mais les Bretons restent chatouilleux sur le sujet...
    On espère que les Bretons aimeront encore moins la Ségolène !
    Bécassine n'est pas bête du tout mais, au contraire, est pleine de bon sens. C'est une fille du peuple et pas une Bobo gaucho comme la Ségolène dont le sourire nous devient de plus en plus insupportable ! Bien cordialement à vous. JL

  • Mais oui ! Ils nous refont le coup de Sartre et Beauvoir à Cuba, qui n'ayant vu que les dirigeants et quelques exemplaires maîtrisés d'un peuple dûment choisi, nous revinrent décrivant le paradis...
    Rien compris, rien appris.

  • à Jean Leclerc
    Vous avez parfaitement raison. A la différence de trop irascibles nationalistes bretons, moi aussi j'aime bien Bécassine. J'aurais dû préciser que je ne compare pas Marie-Ségolène à Bécassine, mais à la caricature de Bécassine !

Les commentaires sont fermés.