Depuis le début de « l’anniversaire » des émeutes de l’an dernier, célébré par les médias d’une façon qui s’apparente à de l’incitation à la violence, les autorités nous répètent chaque matin que les « incidents » de la nuit précédente sont des faits isolés qui n’ont rien à voir avec ces émeutes, que les incendies de véhicules se maintiennent dans la moyenne habituelle (plusieurs dizaines par nuit…), et le drame de Marseille est lui-même monté en épingle comme l’exemple même que tout va bien : c’est l’exception tragique qui confirme que les quartiers de Marseille sont calmes.
Toutefois, ce matin, cette belle unanimité dans la minimisation des violences a été brisée. A Lyon. Par les pompiers. Qui ont tenu à faire savoir qu’une trentaine de voitures ont été incendiées dans la nuit, que les trois quarts de leurs interventions ont eu lieu à Vénissieux, où ils ont essuyé deux fois des jets de pierres, qu’ils sont également intervenus pour une dizaine de feux sur la voie publique, et surtout que cette nuit « a été agitée par rapport aux précédentes ». Mais la police n’avait rien à dire…
Même scénario à Saint-Etienne, où les pompiers ont éteint 12 feux de voitures et ont qualifié leur activité de la nuit de « particulièrement élevée ».
C’est l’AFP qui cite les pompiers de Lyon et de Saint-Etienne. La rédaction de la dépêche semble indiquer que l’agence s’est tournée vers les soldats du feu en constatant que la police refusait de communiquer. Cela en dit long sur ce qui se passe.
Quand bien même il n’y aurait que les bus brûlés, cela marquerait une aggravation de la situation. Le franchissement d’un pallier. Car il ne s’agit plus de mettre le feu à des véhicules vides en stationnement, il s’agit d’actes de banditisme de grand chemin, à proprement parler de terrorisme, consistant à arrêter un véhicule de transports en commun et à l’incendier après avoir fait descendre des passagers et le conducteur traumatisés.
« Un scénario a été élaboré, si on voit brûler un ou deux bus par jour, c’est qu’il y a une stratégie de tension, un scénario de provocation », a déclaré Jean-Marie Le Pen lors de sa conférence de presse de Tours. Et en ce qui concerne les affrontements dans les banlieues, « la police doit recevoir des ordres pour agir en état de légitime défense contre ceux qui l’attaquent, y compris par des tirs à balles réelles. Un cocktail Molotov est une arme par destination ». Mais on est loin de telles décisions, puisque, officiellement, il ne se passe rien. Ou si peu.
A Marseille, les « jeunes » n’ont même pas fait évacuer le bus. Ils ont lancé de l’essence et ont mis le feu, sans s’occuper des passagers. C’est ainsi qu’une étudiante a été très grièvement brûlée. « La sauvagerie quotidienne franchit encore un degré », a noté Bruno Gollnisch dans un communiqué. Sauvagerie dont les responsables, ajoute le délégué général du Front national, sont certes les criminels eux-mêmes, « mais aussi les politiques qui encouragent par idéologie, ou tolèrent par lâcheté, l’irruption de nouveaux barbares, et paraissent surtout préoccupés de leur trouver des excuses ».
On remarquera que la victime de Marseille s’appelle Mama Galledou. Elle est sénégalaise. C’est une terrible illustration de ce que répète depuis toujours le Front national : les premières victimes de l’immigration sont les immigrés eux-mêmes. Dans les zones de non-droit, les immigrés qui travaillent et respectent les lois sont victimes des bandes. Ce sont leurs voitures qui brûlent, leurs femmes et leurs filles qui ne peuvent plus sortir le soir, et souvent même dans la journée. Dans le bus de Marseille, c’est une étudiante sénégalaise qui a été horriblement brûlée. Par des « jeunes » qui ont « la haine ». La haine de tout ce qui n’est pas leur infra-monde barbare.
En d’autres circonstances, on aurait entendu certaines ligues invoquer une circonstance aggravante de racisme. Elles se taisent. Le racisme est pourtant ici patent. Il ne s’agit sans doute pas de racisme anti-noir, mais de la haine qui s’exerce à l’égard de personnes « à raison de leur non-appartenance », pour reprendre les termes des lois antiracistes, à la « communauté » des sauvages de banlieue, espèce menacée en paroles, en fait protégée.