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Les dessins des billets

Les députés européens demandent une modification de l’aspect des prochains billets en euros, parce que, disent-ils, la version actuelle « contribue à donner une image froide » de la construction européenne.

Cela figure dans un rapport sur la Banque centrale européenne, présenté par la socialiste Pervenche Berès, et adopté hier.

Comme « toutes les représentations d’êtres vivants, de paysages ou de monuments réels ont été bannies », ces billets concourent à la « distanciation des Européens à l’égard de l’euro ». En conséquence, le Parlement européen invite la BCE à « introduire des êtres vivants, des paysages, des œuvres humaines européennes ou des personnages européens qui bénéficient d’un consensus ».

Voilà une grande découverte. A l’époque où ces billets ont été créés et présentés, le Parlement européen était enthousiaste. Les billets en euros étaient une nouvelle merveille du monde.

Et ces billets correspondaient de fait à ce qu’est la monnaie unique : comme il s’agit d’une monnaie artificielle, son décor était lui aussi artificiel. Comme cette monnaie n’avait aucun lien avec l’histoire des peuples, comme c’était une monnaie virtuelle, elle ne montrait que des monuments virtuels. Les créateurs étaient parfaitement conscients de l’effet que cela allait produire, puisqu’ils avaient fini par accepter, contre leurs dogmes, que les pièces aient une face « nationale ».

Mais ce ne sont pas les dessins des billets qui sont responsables de la « distanciation » des Européens face à l’euro. C’est l’euro lui-même. Les dessins ne font qu’illustrer ce qu’est la monnaie unique. Et les faces « nationales » des pièces n’ont rien corrigé, car elles ne sont pas réellement nationales : il s’agit toujours de monnaie européenne, apatride. Dans mon porte-monnaie, le roi des Belges, Marianne et la harpe irlandaise ont la même « valeur » : ils n’en ont aucune du point de vue des patries charnelles.

C’est pourquoi les changements demandés par le Parlement européen ne changeront rien. Les peuples ont besoin de se reconnaître dans leur monnaie pour l’adopter. Ils ne se reconnaîtront jamais dans une monnaie qui, tout simplement, n’est pas la leur.

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