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Les « jurys citoyens » et la démocratie

Ségolène Royal a choisi la même tactique que Nicolas Sarkozy : lancer des idées choc (ou de simples petites phrases bien frappantes) autour desquelles chacun doit prendre position, ce qui permet d’être en permanence au centre du débat politique. Le grand débat de ces jours-ci est donc la question des « jurys citoyens », autrement dit de jurys populaires tirés au sort et dont la mission serait d’évaluer et de surveiller le travail des élus, de vérifier qu’ils appliquent leurs promesses, etc. Il s’agit d’une idée qui s’inscrit dans les thèmes de la prétendue « démocratie participative », que l’on appelait naguère « populaire », ou soviétique. Car les soviets n’étaient rien d’autre que des « jurys citoyens », et comme par hasard la « démocratie participative » est une tarte à la crème de l’extrême gauche.

Le fait que le mot citoyen soit utilisé comme adjectif montre que l’on est dans la subversion de la citoyenneté (comme pour les « votations citoyennes » sur le droit de vote des immigrés, les « attitudes citoyennes » qui sont antinationales, le « soutien citoyen » aux clandestins, etc.).

Selon Ségolène Royal, l’institution de « jurys citoyens » serait susceptible de rendre la démocratie beaucoup plus vivante, de combattre la désaffection des Français pour la politique, d’en finir avec le fait que des « pans entiers de la société se sentent exclus du débat public », et donc, et surtout, d’éviter de « revivre le 21 avril 2002 ».

Mais, comme le remarque Jean-Marie Le Pen dans un communiqué, « ce n’est pas en court-circuitant la démocratie représentative par des “jurys citoyens, autrement dit des soviets, que l’on peut réhabiliter la politique. Si des “pans entiers de la société se sentent exclus du débat public“, c’est parce que la caste UMPS exclut ces citoyens de toute représentation politique, et rend ainsi le débat public impossible. »

Le remède ségolénien est pire que le mal. Il dévalue la démocratie au lieu de la réhabiliter. « Le remède démocratique à la crise de la démocratie n’est pas dans une politique de soviets, dont on a déjà vu à quoi elle aboutit, mais dans l’ouverture loyale des instances représentatives de la République à tous les courants d’opinion, par l’instauration de scrutins à la proportionnelle intégrale », souligne Jean-Marie Le Pen.

En effet, pour que les « pans entiers de la société » qui ne se sentent pas représentés par leurs élus aient le sentiment de l’être, il suffit qu’ils soient… représentés. Autrement dit, que les instances représentatives soient ouvertes à tous les courants d’opinion. Ce n’est pas une obscure fatalité qui « exclut » de nombreux citoyens de toute représentation politique, c’est une politique électorale voulue et mise en œuvre par la classe politique à laquelle appartient Ségolène Royal, et qu’elle ne veut pas modifier.

Le projet ségolénien est donc de maintenir la caste au pouvoir et de lui adjoindre des soviets qui devront jouer le rôle de faire valoir et seront les organes des lobbies qui crient le plus fort. En rejetant encore plus loin les « exclus » qui le seront alors doublement.

Le remède est au contraire que les instances représentatives deviennent vraiment représentatives, au lieu d’être confisquées par des partis monopolistiques et d’exclure d’emblée 40 % des citoyens.

Cela suppose aussi de n’exclure personne du débat. Et s’il y a un véritable débat, et non le dialogue convenu entre les gens du sérail, les citoyens s’y intéresseront, ils retrouveront le chemin des urnes. Alors que les « jurys citoyens » ne feraient qu’aggraver l’abstention, en brouillant définitivement le visage de la démocratie.

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