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Un rapport peut en cacher un autre

Dimanche dernier, le New York Times révélait la teneur d’un rapport confidentiel des services de renseignements sur le terrorisme, en citant des anonymes qui l’avaient lu. En résumé, « la guerre en Irak a aggravé le problème général du terrorisme ». Le Washington Post confirmait aussitôt les informations de son concurrent, et citait un autre anonyme disant : « Il s’agit d’une analyse très franche, qui énonce des évidences ».

Assurément, c’est une évidence que la « guerre contre la terreur » n’a fait qu’aggraver le terrorisme. Mais cette fuite a fait l’effet d’une… bombe aux Etats-Unis. Car le constat n’émane pas d’une officine marginale : il s’agit d’une synthèse de l’ensemble des 16 agences de renseignement du gouvernement. Lesquelles contredisent donc unanimement et radicalement la propagande de George Bush.

L’affaire a fait tant de bruit qu’après avoir fait dire par un porte-parole que la Maison Blanche ne fait pas de commentaires sur les documents confidentiels, George Bush lui-même a décidé de publier une partie du rapport. Non sans tonner contre ces fuites « politiques ». Comme si elles pouvaient être météorologiques ou maffieuses…

Les extraits publiés n’apprennent rien que tout observateur lucide ne sache déjà. La phrase centrale est celle-ci : « Le conflit irakien est devenu une “cause célèbre“ (en français dans le texte) pour les jihadistes, nourrissant un profond ressentiment envers l’engagement américain dans le monde musulman et suscitant des sympathisants pour le mouvement jihadiste au niveau mondial. » Et encore : « Le jihad en Irak façonne une nouvelle génération de dirigeants et d’agents terroristes. » Il y est dit aussi que selon de nombreuses sources les activistes islamistes « augmentent à la fois en nombre et en terme de dispersion géographique » et que, évidemment, « si cette tendance se poursuit les menaces contre les intérêts américains aux Etats-Unis et à l’étranger vont être plus nombreuses, conduisant à une augmentation des attaques dans le monde ». Et il n’y a pas qu’“Al Qaïda“ : « D’autres organisations extrémistes sunnites comme la Jemaah Islamyiah [en Asie du sud-est] ou Ansar Al Sunna et d’autres groupes nord-africains vont vraisemblablement s’étendre et devenir plus efficaces pour réaliser des attaques plus massives, en dehors de leurs régions traditionnelles d’opérations. »

Mais la divulgation de ce rapport serait en quelque sorte un moindre mal pour le gouvernement de George Bush. En effet, selon une parlementaire démocrate, Jane Harman, les services de renseignements avaient préparé une synthèse spécifique sur l’Irak, qui a été laissée à l’état de brouillon afin d’éviter les retombées politiques à l’approche des élections du 7 novembre.

Or Jane Harman est le numéro 2 de la commission du renseignement à la Chambre des représentants. Elle précise : « Je suis allée trois fois en Irak, j’ai examiné les rapports du renseignement, j’ai parlé à des anciens combattants et des responsables militaires. Pour le dire simplement, tous ceux à qui je parle me disent que notre stratégie est en train d’échouer. »

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