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municipales

  • L’abstention

    Il faudra attendre le second tour des municipales et des cantonales pour évaluer la « poussée de la gauche », ou ce qui paraît tel. Pour l’heure, le seul résultat incontestable est le taux de participation. Qui est une « surprise » pour les instituts de sondage.

    Hier, en début de soirée, on nous annonçait, pour les municipales, une participation comprise entre 68 et 70%, donc en hausse par rapport à 2001. Il ne s’agissait pas de sondages, mais d’estimations réalisées alors que la grande majorité des bureaux de vote étaient déjà fermés. C’est pourquoi aux informations de 20 h on continuait à nous dire que la participation était en hausse.

    Or elle était en baisse. Elle s’est finalement établie à 61%.

    En 2001, elle avait été de 67%. Et c’était le plus faible taux depuis 30 ans. Le taux de 61% est donc un taux historiquement bas, et c’est de très loin le premier enseignement du scrutin.

    Jean-Marie Le Pen a été hier soir la première personnalité politique (sinon la seule) à le relever. Ce résultat est conforme à ce que le président du Front national avait prévu. Le « désenchantement » des Français vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, qui n’en est encore qu’à ses débuts, ne pouvait que profiter à la gauche socialiste, « sans avoir aucun mérite particulier, simplement par le fait d’exister, d’être implantée et d’avoir son filet ouvert », disait-il. Mais cela ne pouvait pas conduire à un « raz de marée » socialiste. De nombreux électeurs de droite allaient plutôt se réfugier dans l’abstention, comme l’avait également prévu Jean-Marie Le Pen. Et cela d’autant plus que le Front national, victime de ses mauvais résultats aux dernières législatives, n’avait pas les moyens matériels de se présenter partout, ni même dans toutes les villes importantes, loin de là. Il n’a pu présenter que 85 listes. En outre, les médias avaient décidé que le Front national n’existait plus. Il n’exista donc pas dans la campagne nationale.

    Comme l’a souligné Jean-Marie Le Pen, le taux d’abstention est une mauvaise nouvelle pour la démocratie. Surtout si l’on considère que les élections municipales ont toujours été considérées comme celles qui mobilisaient le plus les Français.

    C’est le premier effet de la désillusion qui frappe les citoyens, dix mois après l’élection de Nicolas Sarkozy. Il était encore trop tôt pour que les déçus du sarkozysme reportent leurs voix sur le Front national, comme on le constate dans les villes où il était présent, même là où il a fait des scores intéressants, mais qui ne sont pas à la hauteur de ses espérances (Hénin-Beaumont, Cluses, Noyon, Mulhouse...).

    Le score de l’abstention, allant de pair avec une absence de victoire éclatante de la gauche, apparaît ainsi, en creux, comme le premier acte d’un retour du Front national. Une preuve que le pays a bel et bien besoin du Front national. Et un gage que ce retour s’opérera lors des prochains scrutins.

    On notera d’autre part qu’aux cantonales, le Front national obtient un score national de près de 5%. Or il ne présentait de candidats que dans la moitié (à peu près) des cantons renouvelables, là encore pour des raisons financières. Les cantonales étant les plus mauvaises élections pour le Front national, puisqu’elles sont monopolisées par les notables locaux, ce résultat (autour de 10% en moyenne dans les cantons où le FN était présent) est de bon augure.

    Précision. Après publication des chiffres officiels, il apparaît que le taux de 61% est le chiffre de participations dans les communes de plus de 3.500 habitants. Le taux sur l'ensemble de la France est de 66,54%, qui est néanmoins le plus faible depuis 1959.