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enseignement

  • Le mammouth pique une crise

    Pas moins de 14 organisations, à savoir les centrales syndicales FSU, CGT, Unsa-Education et Sgen-CFDT, avec leurs syndicats catégoriels, ont annoncé une « riposte de grande ampleur » contre la « campagne de dénigrement » de l’école dont serait responsable le ministre Gilles de Robien. Ces organisations dénoncent « l’autoritarisme, le non-respect du droit syndical, les tentatives d’intimidation des enseignants, l’éviction de certains formateurs », etc., et le fait que des « courants très conservateurs reçoivent aujourd’hui le support du ministre et ont pignon sur rue ». Elles se réuniront de nouveau le 8 novembre pour mettre au point la forme que prendra cette « riposte syndicale ». « Ça devient une bataille de conviction, d’opinion », souligne le secrétaire général de l’Unsa-Education.

    Déjà, la semaine dernière, le SNUipp-FSU, qui fait partie des 14 et qui est le principal syndicat des écoles primaires, a lancé une campagne d’affichage pour protester contre les « propos caricaturaux » du ministre sur l’apprentissage de la lecture. On y voit une boule de cristal entourée de deux mains, devant laquelle un écriteau indique : « Grand ministre inspiré cherche par la magie à imposer aux enseignants UNE SEULE METHODE. Oubliez expérience, recherche et diversité ! Pas d’inquiétude pour les enfants ! Il suffit d’obéir ! Consultations (sans garantie de résultat) au 110 rue de Grenelle. Promesses GRATUITES ! »

    Le même jour, de nombreux sites internet « éducatifs » étaient en « grève », affichant sur leur page d’accueil un bandeau intitulé « Avis de décès de la liberté pédagogique ».

    Le Snesup-FSU, principal syndicat de l’enseignement supérieur, avait déjà lancé un « appel contre l’autoritarisme du ministre de l’Education nationale et pour la défense des libertés universitaires », signé par une soixantaine de « spécialistes » qui demandent aussi de rétablir Roland Goigoux dans son enseignement à l’école supérieure de l’Education nationale, dont il a été évincé à la rentrée en raison de son opposition aux directives ministérielles imposant, enfin, la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture.

    Tous ces syndicats soutiennent également Pierre Frackowiak, un inspecteur de l’Education nationale menacé de sanction pour s’être médiatiquement opposé à ces directives.

    Et ils hurlent contre une campagne de publicité de l’association SOS Ecole qui demande aux parents de vérifier le manuel de leurs enfants et de lui en faire part, afin « d’apporter au ministre des informations précises et concrètes sur la non-application de la réforme sur le terrain ».

    Il est amusant de constater que Pierre Frackowiak s’était fait connaître récemment par un libelle stalinien intitulé La liberté pédagogique des enseignants, alibi des conservateurs, obstacle à la construction de l'Ecole du 21ème siècle. Et qu’aujourd’hui son mot d’ordre, comme celui de tous les opposants à Robien, est la défense de la liberté pédagogique…

    Cette affaire, qui ne cesse de s’envenimer, montre que Gilles de Robien a vraiment touché un point sensible. Reste à savoir si ce ministre, qui a eu l’indéniable courage de s’opposer de manière frontale à la dictature des pédagogues de l’illettrisme avec sa circulaire sur l’apprentissage de la lecture, aura maintenant  le courage de persévérer, et surtout s’il bénéficiera du soutien d’un gouvernement dont on ne sait que trop qu’il est toujours prêt à capituler. L’histoire montre en outre, hélas, que tous les ministres et tous les gouvernements ont capitulé devant le mammouth (le mot étant de Claude Allègre qui fut précisément une victime de cette malédiction). Mais on peut toujours rêver…