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La Géorgie en ligne de mire

Ce même 31 juillet, deux hauts responsables américains ont proféré des menaces contre la Géorgie, lui demandant instamment de changer de voie, sinon… Sinon le premier couperet tombe déjà : Anthony Blinken a annoncé la suspension d’une aide de 95 millions de dollars, parce que « les actions anti-démocratiques du gouvernement géorgien et ses affirmations mensongères sont incompatibles avec les règles d'adhésion de l'UE et de l'Otan ».

Sic. Ce monsieur Blinken décide ce qui est compatible ou non avec les règles d’adhésion à l’OTAN, et, mieux encore, ce qui est compatible ou non avec les règles d’adhésion à l’UE, alors que son pays ne fait même pas partie de l’UE. En fait Blinken ne cache même plus que : 1. ce sont les Etats-Unis qui dirigent seuls l’OTAN, 2. que l’UE n’est qu’un vassal des Etats-Unis et fait ce qu’on lui dit de faire. Et 3, bien sûr, que ce sont les Etats-Unis qui décident ce qui est démocratique ou non, et que les lois votées par un Parlement régulièrement élu ne le sont pas quand ce gouvernement leur déplaît.

Blinken est le Secrétaire d’Etat. Son adjoint « pour les affaires européennes et eurasiennes », James O’Brien, était devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, et il a dit la même chose concernant l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN et à l’UE :  « Nous essayons d'être très clairs sur ce qui doit être fait et sur l'importance de cela, car la Géorgie demande à rejoindre des clubs, l'un dont nous sommes membre, et l'autre est notre principal partenaire. Elle n'a pas le droit de réécrire les règles de ces clubs afin de les rejoindre. »

La Géorgie a pris « une mauvaise voie », mais « il doit être clair pour le parti au pouvoir en Géorgie qu’il est possible de revenir en arrière ». Sic. Comment ? « En organisant des élections libres et équitables, sans violence à l'encontre de la société civile, en imposant les exigences de transparence qu'elle souhaite, et cette loi sur les agents étrangers doit être compatible avec le droit européen plutôt qu'avec le droit russe. Et ne pas laisser la Chine développer un port en eau profonde à Anaklia - ce sont des mesures qu'il est vraiment important que la Géorgie prenne. »

Bla bla bla, bla bla bla… et ne pas laisser la Chine construire un port en eau profonde sur la mer Noire. Blinken a « oublié » de signaler la vraie raison des sanctions venues et à venir, et des tentatives d’ukrainisation de la Géorgie qui vont s’accentuer : le port d’Anaklia.

Et c’est la faute de qui si les Chinois débarquent ? C’est la faute… des Etats-Unis. Il y avait un projet conjoint entre une banque géorgienne et le groupe américain Conti International. Mais le gouvernement géorgien a annulé l’accord en 2020 parce que les patrons de la banque étaient suspects de blanchiment d’argent (ils ont été condamnés en 2022), et que Conti n’a pas respecté ses engagements. Le gouvernement géorgien a donc lancé un nouvel appel d’offre, et les Chinois ont sauté sur l’occasion. Il faut savoir que ce port n’est pas un luxe pour la Géorgie : la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque mondiale avaient toutes deux averti que sans un port en eau profonde le pays ne pourrait pas être compétitif comme axe commercial.

Depuis 2021, tous les projets d’infrastructures géorgiennes de plus de 100 millions de dollars impliquent des entreprises chinoises. Il est peu probable que la Géorgie « revienne en arrière », sauf par la force. Sa « mauvaise voie » la conduit à l'opposé de l'OTAN et de l'UE vers les BRICS : la Chine, et le grand voisin russe. D’où la colère américaine.

(A ce propos, revoir aussi ce que Viktor Orban dit de la coopération de la Hongrie avec la Chine. Et le ton monte à Bruxelles contre Orban.)

Commentaires

  • Le fondateur du parti Rêve géorgien, l’oligarque Bidzina Ivanichvili qui soutenait le vote de la loi sur les agents étrangers, qui est devenu favorable à un rapprochement avec la Russie (notamment pour apaiser le problème qu'est l'Ossétie du sud) et au refus d'adhérer à l'UE, aurait échappé à une tentative d’assassinat qui fut déjouée à temps par les services géorgiens.
    Vient d'être déjoué à temps par les services de sécurité géorgien une tentative de coup d'État qui devait être menée par d’anciens combattants de la légion géorgienne en territoires ukrainiens, rentrés récemment pays...

    Clairement, les États frontières, traditionnellement dans la sphère d'influence russe, tels la Géorgie, la Moldavie, l'Arménie, font l'objet de diverses pressions sévères, allant jusqu'à des tentatives de coups d'État menés par de russophobes ONG (à l'instigation de services occidentaux), et incitant à de constantes actions déstabilisatrices, subversives, même violentes, jouant des clivages possibles, linguistiques entr'autres....
    Ainsi, ont heureusement très vite dejoué des tentatives de coup d'État, le Kirghizistan tout récemment, arrêtée dans l'œuf, début juillet 2024 ; et celle du Kazakhstan qui connut des émeutes très violentes conduites par près de 20000 forces étrangères et Kazakhs, le 2 janvier 2022 ; elles furent terminées grâce à une intervention rapide de l'armée Kazakh, qui fut prise au dépourvu, mais s'est ressaisie rapidement, en une décade.

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