Emmanuel Tzanes, Venise, 1683. (Addendum : mais c'est l'autre saint Jacques, voir les commentaires.)
Que personne ne se trouble, si nous disons qu’il y avait tant d’imperfection chez les Apôtres. Car le mystère de la croix n’était pas encore consommé, et la grâce du Saint-Esprit n’avait pas encore été répandue dans leurs âmes. Si vous voulez savoir qu’elle a été leur vertu, considérez ce qu’ils furent après avoir reçu la grâce du Saint-Esprit et vous les trouverez vainqueurs de toute inclination mauvaise. Leur imperfection n’est ignorée de personne aujourd’hui, afin qu’on apprécie mieux à quel point la grâce les a tout d’un coup transformés.
Qu’ils n’aient rien sollicité de spirituel, et qu’ils n’aient pas même eu la pensée du royaume céleste, cela est évident. Mais examinons comment ils abordent Jésus-Christ, et lui adressent la parole. « Nous voudrions, disent-ils, que tout ce que nous vous demanderons, vous le fissiez pour nous. Mais le Christ leur répondit : Que voulez-vous ? » Non qu’il l’ignorât, certes, mais pour les obliger à s’expliquer, afin de mettre à nu leur plaie et d’être ainsi à même d’y appliquer le remède.
Mais eux, rougissant de honte et confus, parce qu’ils en étaient venus à des sentiments humains, ayant pris Jésus en particulier, lui firent en secret leur demande. Ils marchèrent en effet devant les autres, comme l’insinue l’Évangéliste, à dessein de n’être pas entendus. Et c’est ainsi qu’ils exprimèrent enfin ce qu’ils voulaient. Or, ce qu’ils voulaient, le voici, je présume. Comme ils lui avaient ouï dire que ses Apôtres seraient assis sur douze trônes, ils désiraient occuper les premiers de ces trônes. Sans doute ils savaient que Jésus les avait en prédilection ; mais redoutant que Pierre ne leur fût préféré, ils eurent la hardiesse de dire : « Ordonnez que nous soyons assis, l’un à votre droite et l’autre à votre gauche », ils le pressent par ce mot : ordonnez. Que va-t-il donc répondre ? Pour leur faire entendre qu’ils ne demandaient rien de spirituel, et qu’ils ne savaient pas même ce qu’ils sollicitaient, car s’ils le savaient, ils n’oseraient pas le demander, il leur fait cette réponse : « Vous ne savez pas ce que vous demandez » : vous ignorez combien cette chose est grande, combien elle est admirable, et dépassant même les plus hautes Vertus des cieux.
Et Il ajouta : « Pouvez-vous boire le calice que je vais boire », et être baptisé du baptême dont je suis baptisé ? Remarquez comment, tout en les entretenant de choses bien opposées, il les éloigne aussitôt de cette espérance. Vous me parlez, dit-il, d’honneur et de couronnes ; et moi, je vous parle de combats et de travaux. Ce n’est point ici le temps des récompenses, et cette gloire, qui m’appartient, n’apparaîtra pas de sitôt ; c’est à présent le temps de la persécution et des périls. Mais observez comme, par cette interrogation même, il les exhorte et les attire. Il ne leur dit point : Pouvez-vous endurer les mauvais traitements ? pouvez-vous verser votre sang ? il dit seulement : « Pouvez-vous boire le calice ? » et pour les attirer, il ajoute : « que je vais boire » afin de les mieux disposer à souffrir, par la perspective même de partager ses souffrances.
Saint Jean Chrysostome, leçons des matines (Homélie 65 sur saint Matthieu).
Commentaires
Ne s"agit-il pas plutöt d'une représentation de Jacques le Mineur ?. Aux lignes 2 et 3 on lit en effet sur l'icône : ΠΡΩΤΟΣ ΙΕΡ:ΑΡΧΗΣ ΤΩΝ ΙΕΡΟΣΩΛΥΜΩΝ, “ Premier hiérarque de Jérusalem.
Vous avez raison. J'ai toujours confondu les deux. Comme le site où j'ai trouvé l'icône. Je ne suis pas allé plus loin que Adelpho, pensant que c'était le frère de celui qui était à côté... et qui semble en fait être saint Joseph...
C'est donc adelpho theos, ce qui est grammaticalement bizarre...
En fait, l'adjectif composé ΑΔΕΛΦΟΘΕΟΣ est une sorte d'épithète de saint Jacques le Mineur, à comprendre m. à m. '“ frère de Dieu ”, c. à d. "frère du Seigneur ” (référence à la tradition qui fait de l'apôtre un proche parent du Christ).
Merci. Je connaissais l'épithète frère de Dieu, mais je ne savais pas que ça s'écrivait en un seul mot.
Jacques et Jude, apôtres de Jésus et frères.
Quatre saints apôtres de Jésus : deux Jacques, Jean et Jude.
Il ne faut pas confondre Jacques, le fils d'Alphée avec Jacques, le fils de Zébédée (qui signifie donnant ou donné), dit Jacques le Majeur, et frère de Jean l'Évangéliste.
Par Maria Valtorta et d'autres saints, nous pouvons mieux appréhender ces saintes personnes.
Jacques le Mineur est un cousin de Jésus, galiléen par sa mère, Marie, fille de Cléophas et judéen par son père, Alphée, le frère aîné de Joseph, le père terrestre de Notre Seigneur ; Alphée et le très chaste époux de la Très Sainte Vierge Marie sont des fils de Jacob. Le Mineur est de descendance royale, comme Jésus.
Il est connu sous le triple vocable de Jacques, fils d'Alphée, de Jacques le Mineur (devenu apôtre après Jacques "le Majeur", le fils de Zébédée) ou Jacques le Juste en raison de sa réputation de sainteté comme premier évêque de Jérusalem pendant plus de trente ans, jusqu'à son assassinat en 62 sur l'ordre du Grand Prêtre Ananie II, le cinquième des fils du Grand Prêtre Hanne dit-on. Saint Jérôme et saint Épiphane confirment les faits.
Selon Flavius Josèphe, avec plusieurs de ses compagnons, l'évêque de Jérusalem fut précipité du haut de la terrasse du Temple dans la vallée du Cédron où un foulon l'acheva à coup de bâton.
Jacques le Mineur est l'auteur présumé de la première des sept épîtres catholiques.
Il est le frère de Jude Thaddée (en araméen, le courageux). Saint Thomas d'Aquin affirme, reprenant les dires de Bède le Vénérable dans sa 'Catena Aurea' que Jude et Thaddée designent bien une seule et même personne.
Le théologien Jean Beleth (1135-1182), auteur de la 'Summa de ecclesiasticis officiis', recteur à Paris et en Amiens, affirme que son père Alphée était bien le frère de saint Joseph.
Origène et Tertullien lui attribuent l'Épître de saint Jude, l'identifiant comme un des 'frères' de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Notre Seigneur s'est peut-être agacé aussi du fait qu'il n'y a aucune place à gauche dans la gloire. C'est un oxymore.
Saint Jacques et saint Jean devaient demander deux places à droite.