Surprise : le site de l’Union des journalistes ukrainiens fonctionne normalement depuis ce matin peu avant 10h heure locale. Ils ne donnent aucune information sur leur situation, ni sur les quatre journalistes emprisonnés (sauf un, voir plus bas), mais tout le reste est conforme à ce qu’on y voyait avant. Notamment ils continuent de rendre compte des prises d’églises par les « pillards » de l’Eglise du pouvoir, des arrestations de prêtres et des procès.
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Le bureau du procureur général d’Ukraine fait savoir que le SBU a effectué plus de 20 perquisitions chez des journalistes de médias liés à l’Eglise.
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L'archiprêtre Jean Rozman, secrétaire de l’éparchie de Khoustka, a été interpellé ce matin par le SBU et a été interrogé par la police. A la sortie, il a été arrêté par des personnes encagoulées et munies de mitraillettes, qui l’ont emmené vers une destination inconnue.
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Hier, un groupe de pillards de l’Eglise du pouvoir s’est emparé de l’église Saint Panteleimon de Slobodka-Koultchievetska, dans la région de Khmelnytskyï. Les fidèles et les prêtres qui tentaient d’arrêter les voleurs ont été repoussés par la police.
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Un groupe de pillards de l’Eglise du pouvoir, portant des cagoules, se sont emparés hier de l’église Saint-Georges de Kotsyoubynske, dans la région de Kiev, et ont poussé dehors le recteur, lui disant qu’il n’était plus le propriétaire des lieux.
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Le tribunal de Tcherkassy a rejeté la demande du procureur de placer le métropolite Théodose en détention préventive. Il reste seulement assigné à résidence de nuit, dans l’attente de son procès. A la sortie, le métropolite a demandé de prier pour les journalistes emprisonnés :
« Je saisis cette occasion pour vous demander de prier instamment pour les journalistes orthodoxes. Vous savez que l'Union des journalistes orthodoxes est également attaquée en ce moment. Des poursuites pénales ont été engagées, certains journalistes ont été emprisonnés. Nous prions pour eux de tout notre cœur, de toutes nos forces, afin que le Seigneur les protège et les aide. Les articles du code pénal sur la trahison, qui prévoient une peine d'emprisonnement à vie, ne doivent pas être appliqués aux journalistes, y compris aux journalistes orthodoxes. Et peut-être le plus important : du fond de nos cœurs, du fond de nos cœurs, nous prions pour que le Seigneur fortifie ceux qui ont été emprisonnés, les maintienne dans la foi et la piété, et leur accorde la liberté dès que possible. »
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Une audience s’est tenue aujourd’hui toute la journée pour déterminer quelle « mesure préventive » sera prise à l’encontre de l’un des journalistes arrêtés hier, l’archiprêtre Serguei Tchertiline. Ce matin, la défense avait réussi à récuser le juge, qui le traitait comme un terroriste, et à en faire nommer un autre. L’élément majeur de cette après-midi est que l’accusation n’a pas craint de qualifier l’Eglise orthodoxe d’Ukraine d’« attribut de l’Etat » (donc critiquer cette Eglise c'est attaquer l'Etat...). Enorme aveu, sur lequel a longuement rebondi l’avocat du journaliste-prêtre, lui-même prêtre, l’omniprésent Nikita Tchekman. Il a fait remarquer que l’Ukraine est un Etat laïque et qu’aucune Eglise ne peut donc être un attribut de l’Etat, et que les attributs de l’Etat sont énumérés dans l’article 20 de la Constitution. Soulignant que l’Eglise orthodoxe d’Ukraine n’est reconnue que par 4 des 15 Eglises orthodoxes, il a demandé si le fait que l'Église de Jérusalem refuse à un représentant de cette Eglise l'accès au feu béni peut être considéré comme une atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, puisque toute critique des actions illicites et illégales de cette Eglise est perçue comme une « atteinte à la sécurité nationale ».
Addendum. Dans la soirée, le tribunal a condamné Serguei Tchertiline à deux mois de prison préventive et a été jeté dans la prison du SBU. L'avocat va faire appel.
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Précision : les personnes interpellées hier ne font pas toutes partie de l’Union des journalistes orthodoxes. Certaines sont membres d’autres organisations plus spécifiques : le fil Telegram « Premier cosaque », l’association « Les laïques », et le « Centre de défense juridique ».