La politique extérieure de l’UE est aussi simple que la vision du monde de son salarié, Josep Borrell. L’UE est un jardin et le reste du monde est une jungle, avait-il expliqué. Dans la jungle il y a forcément des bons sauvages et des méchants sauvages. Il faut prendre des sanctions contre les méchants et donner de l’argent aux bons, ce n’est pas plus compliqué que cela.
Donc il faut continuer de donner beaucoup d’argent au gouvernement ukrainien jusqu’à ce qu’il repousse les sauvages russes dans la steppe et que l’Ukraine puisse faire partie du jardin. Borrell annonce qu’on va bloquer 5 milliards d’euros par an, les quatre prochaines années, dans le cadre de la « Facilité européenne pour la paix », pour continuer la guerre contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien.
En revanche, dans la jungle africaine, il y a un nouveau méchant, le Niger. Mais on n’y peut rien, car l’UE n’a aucune possibilité légale d’intervenir. Heureusement, on a la CEDEAO, qui peut prendre des sanctions. « Nous allons suivre, en essayant de mettre en œuvre les mêmes types de sanctions », a déclaré Borrell. Mais pour cela il va falloir mettre en place un « cadre législatif » qui permette à l’UE de prendre des sanctions contre tous les méchants dans le monde.
A propos des sanctions contre la Russie, Borrell a publié une grande étude pour prouver que ces sanctions fonctionnent. La preuve la plus importante qu’il donne est que… les exportations de produits russes dans l’UE ont considérablement chuté. Sic.
(Curieusement, les putschistes du Gabon ne sont pas des méchants. « Naturellement, les coups d’État militaires ne sont pas la solution mais nous ne devons pas oublier qu'au Gabon il y avait eu des élections pleines d’irrégularités », or une élection truquée peut être interprétée comme un « coup d’État institutionnel », a dit Borrell ce matin. « La situation est radicalement différente » de celle du Niger. On attend la réaction française…)
Commentaires
En Afrique FRANCOPHONE (tiens, donc !), la récente série des coups d'État se succédant a été amenée pour la plupart par des militaires formés outre-Atlantique ; cela pue l'intervention anglo-saxonne jouant sur l'acédie caractérisant la politique extérieure française depuis des décennies, particulièrement en Afrique. Cela fait aussi quelques décennies maintenant que nos "alliés" veulent évincer les solides positions françaises.
Je crains que les pays africains de l'Afrique francophone ne se réveillent d'ici quelques années avec une solide gueule de bois. Les anglo-saxons (la seconde place) et la Chine (qui tient déjà la première place dans les relations commerciales), aussi l'Inde s'engouffrent dans la brèche. La Russie n'est en Afrique que pour chercher des alliés au plan militaire et fournir quelques centrales nucléaires ou équipements industriels lourds.