Introït
Deus in loco sancto suo : Deus qui inhabitáre facit unánimes in domo : ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ.
Exsúrgat Deus, et dissipéntur inimíci ejus : et fúgiant, qui odérunt eum, a fácie ejus.
Dieu est dans son lieu saint, Dieu qui fait habiter dans sa maison des hommes d’une seule âme : il donnera la vertu et la force à son peuple.
Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dissipés, et que ceux qui le haïssent fuient de devant sa face.
Le texte de l'antienne est divisé en trois phrases, division que la mélodie respecte fidèlement. La première et la troisième phrase ont une tendance ascendante, alors que la deuxième a une tendance inverse ; cette dernière est mélodiquement plus significative. C'est pourquoi nous avons ici la forme A B A. La nécessité du contraste est basée sur des raisons purement musicales, puisque le texte n'offre aucune raison de le faire.
Trois réflexions sont présentées : (1) Dieu demeure dans ses lieux saints : au ciel, dans l'Église, dans le cœur de celui qui a la vie de la grâce. Nous lui devons révérence et adoration. (2) Dieu veut réunir tous ceux qui entrent dans sa maison en une seule famille, en un seul cœur. Cette phrase respire l'amour. (8) Si le mystère de la force réside déjà dans cette unité, alors Dieu fournit une force spéciale (Exsúrgat) pour la lutte contre ses ennemis, qui sont en même temps les nôtres.
Première phrase : Comme l'introït du neuvième dimanche après la Pentecôte, celle-ci commence immédiatement sur la dominante, avec une ligne descendante vers la tonique. Un accent vigoureux marque le mot Deus. Il faut veiller à ce que les notes doublées ne soient pas trop prolongées. Le reste de la phrase est solennel et révérencieux. La syllabe accentuée de chacun des mots dissyllabiques est allongée, de sorte que l'ensemble sonne comme une succession de spondées solennelles : Deus, loco, sancto suo. La clivis finale sur (lo)-co correspond à celle sur (sanc)-to. Elles ne doivent pas être trop courtes.
Deuxième phrase : Ici, comme dans la phrase précédente, le mot Deus est marqué par son accent et son indépendance mélodique ; et de même que la première ne commence proprement que par in loco, de même la seconde commence par inhabitáre. Après Deus, une courte pause ou prolongation n'est pas du tout déplacée. Ce deuxième Deus est plus tendre et plus calme que le premier, ce qui constitue une bonne introduction à cette phrase qui ne parle plus de la majesté de Dieu, mais de sa bonté. Les deux accents de mots dans chacun des deux membres, inhabitáre et unánimes, ont un accent musical important et correspondant. Le deuxième porrectus doit être chanté plus légèrement que le premier ; puis doit suivre un crescendo régulier jusqu'à l'apogée musicale, qui parle de l'action de la miséricorde divine avec le mot facit. Le clivis de (fa)-cit ne doit être que légèrement prolongé. L'effet obtenu est encore meilleur si les deux membres - facit et unánimes - sont joints sans pause. En cas de besoin, on peut respirer imperceptiblement avant facit. Si une pause complète est accordée après domo et seulement une demi-pause après suo, cela ne doit pas prêter à confusion. Il ne s'agit pas ici de valeurs mathématiques. La cadence sur domo ne permet pas de longue pause ; elle pousse à l'achèvement.
Sur le plan mélodique, la troisième phrase comporte deux membres, dont le second est constitué des mots plebi suae. La première ressemble un peu à la première phrase de l'antienne et a d'ailleurs le même esprit d'affirmation solennelle. La dominante accentuée et la quarte suggèrent une heureuse confiance. Une prononciation nette et claire de la consonne "t" avant le "v" contribuera beaucoup à faire ressortir la symétrie entre dabit et virtútem. Cette partie se déplace dans la gamme de quatre notes la-ré, en mettant l'accent sur le do, tandis que le et fortitúdinem suivant, qui utilise une gamme similaire (fa-si bémol), met l'accent sur le la et, pour la première fois, frappe le si bémol.
La cadence clôt une partie de la phrase, mais pas l'ensemble de la pièce, et c'est pourquoi elle n'est pas suivie d'une pause considérable. Dans son mouvement ascendant, plebi suae nous rappelle le qui inhabitáre de la première phrase. L'accent principal sur ple-(bi) se trouve sur son neume le plus élevé, si bémol-do. Une construction large doit être donnée au torculus en forme de cadence sur su-(ae).