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Deuxième dimanche de carême

Introït

Reminíscere miseratiónum tuarum, Dómine, et misericórdiæ tuæ, quæ a sǽculo sunt : ne umquam dominéntur nobis inimíci nostri : líbera nos, Deus Israël, ex ómnibus angústiis nostris.
Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam.

Souvenez-vous de vos bontés, Seigneur, et de votre miséricorde qui datent des siècles passés. Que nos ennemis ne triomphent jamais de nous. Dieu d’Israël, délivrez-nous de toutes nos tribulations.
Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous, que je n’aie pas à rougir.

Ce chant est l'expression d'une profonde humilité. Que nous arriverait-il si Dieu n'était pas miséricordieux, si sa miséricorde n'était pas éternelle ! Comme nous en sommes entièrement dépendants ! C'est pourquoi nous osons Lui rappeler Ses miséricordes. Il ne les oublie jamais, car elles font partie de son essence. C'est aussi pour cette raison que l'introït parle de Ta commisération, de Ta miséricorde.

Le parallélisme entre les deux premières phrases du texte est reproduit dans la mélodie. Les deux phrases accentuent vigoureusement la note fa ; toutes deux ont la même amplitude (ré-la) et des terminaisons similaires ; enfin, misericórdiae n'est que la répétition de miseratiónum. Dans les deux cas, le torculus anime la ligne mélodique sereine.

Maintenant commence une nouvelle partie. La mélodie perd aussi un peu de sa réserve. Dans son amplitude d'une sixte, les intervalles s'élargissent. La première partie se limitait à des tierces ; ici, nous rencontrons cinq intervalles de quarte. Après le fa, le sol est la note dominante. Une certaine agitation se fait sentir. L'âme pieuse regarde autour d'elle ; elle se voit entourée d'ennemis, rusés et redoutables, nombreux et inexorables. Celui qui ne reconnaît pas le Seigneur (Dómine, dans la première partie) devient leur esclave, est dominé par le monde, les mauvaises passions et le diable. Nous prions : Ne permets pas à nos ennemis de dominer sur nous. Mais nous devons aussi ajouter : Qu'ils ne prennent plus jamais le pouvoir sur nous. Plus nous aurons ressenti douloureusement la lourdeur de leur joug, plus cette prière et ce chant seront fervents et sincères. On devine ce que le compositeur a voulu dire avec la gamme ré-sol-sól-fa sur inimíci et sol-fa-lá-sol-sol sur nostri. Ici, un crescendo se produit spontanément.

Puis une troisième fois, nous prions avec la quarte ascendante : líbera nos : Tu es le Dieu d'Israël, tu as choisi cette nation comme ton propre peuple. Tu es aussi notre Dieu, et tu nous as élus, achetés et rachetés. Délivre-nous donc de toutes nos détresses. Sois à nos côtés surtout, Seigneur, quand viendra la plus grande de toutes les épreuves, quand nous serons sur le point de franchir les portes étroites (angústiis) de la mort !

Le sentiment proclamé dans les toutes premières notes est effectivement conservé tout au long du morceau, mais dans la deuxième partie, il devient plus vivant.

La mélodie du psaume est un récit sur le la qui, jusqu'alors, n'avait été qu'effleuré, puis s'élève au-dessus, pleine de confiance en Dieu.

Dom Johner

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