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Saint Jean Bosco

Le 19 avril (1883), il arrive à Paris et va loger au couvent des Dames du Sacré-Cœur, à quelques pas de la Madeleine. Mais même dans l'immense capitale il ne reste pas longtemps ignoré. Paris s'émeut : un saint est de passage, un homme dont on raconte des merveilles, un prêtre qui lit dans les âmes et prédit l'avenir !
En quelque grande église qu'il célèbre la messe, les malheureux et les désemparés savent toujours le joindre.
Le 3 mai, fête de l'Ascension, il est à Sainte-Clotilde. Personne ne l'a annoncé ; l'église est quand même archicomble. À la fin de sa messe, un torrent humain s'engouffre derrière lui dans la sacristie. Il faut barrer le chœur de peur qu'on ne l'étouffe.
Une heure passe ; la foule ne diminue pas. Le défilé continue.
Au bout de deux heures, don Bosco demande au comte de Franqueville qui l'accompagne :
— Mon cher comte, y a-t-il encore beaucoup de monde dans l'église ?
— Environ cinq cents personnes.
— Je suis absolument épuisé, mort de fatigue. Peut-être pourrais-je prendre une tasse de café ?
— Certainement, mon père !
À peine l'abbé s'est-il un peu restauré que le flot de misère l'envahit de nouveau. Pour chacun, il a un bon mot, un conseil, une consolation.
Passe encore une heure.
— Où en est-on, cher ami ?
Le comte entrebâille la porte de la sacristie :
— Ils sont bien mille maintenant.
— Pour l'amour de Dieu, continuons !

Un après-midi, don Bosco, regagnant son domicile rue de la Ville-l'Évêque, trouve la maison cernée par la foule.
— Laissez-moi passer, s'il vous plaît.
— Tout doux, monsieur le curé. Nous voulons tous voir don Bosco. Chacun à son tour. On nous a distribué des numéros ; quel est le vôtre ?
— Je n'en ai malheureusement pas.
— Alors, attendez qu'on vous en donne un. Mettez-vous derrière.
— Mais si vous ne me laissez pas passer, vous ne verrez jamais don Bosco.
— Pourquoi pas ?
— Parce que c'est moi, don Bosco.
— Farceur ! Attendez votre tour !
— Très bien, je m'en vais ! soupire don Bosco, et il se rend près d'un malade qui réclame sa visite.
Une autre fois, il lui faut une demi-heure pour entrer dans l'église de la Madeleine où il doit prêcher.
À Saint-Sulpice, les suisses doivent lui frayer son chemin vers la sacristie. Où qu'il aille, les rues sont engorgées. On s'écrase autour de lui. « Ayez pitié de moi !... Sauvez mon enfant !... Rendez la paix à mon foyer !...»
Au monastère des Bénédictines, une multitude de gens l'attendent, des malades sur des civières, des paralytiques en voiturettes, des désespérés, des boiteux, des béquillards, des mères avec leurs enfants sous les bras.
Non que don Bosco guérisse tout le monde. C'est la foi qui manque, ou bien le thaumaturge estime, en tel cas, la maladie préférable à la santé. « Dieu t'aime, dit-il à une jeune fille assise sur son fauteuil roulant. Porte ta croix pour son amour ! »
« Je sais ce que tu penses, mon bon Michel, explique-t-il à don Rua. Tu te demandes pourquoi cette jeune fille n'a pas été guérie. Elle est trop belle. En retrouvant la santé, elle perdrait son âme. »
Chez les Lazaristes on lui présente le père Dutilleux, qui est mourant.
— Pourquoi voudriez-vous guérir ? demande don Bosco.
— Je désirerais tant travailler encore quelques années au service de ma congrégation !
— Oh ! vous le ferez mieux du haut du ciel.
Le lendemain matin, le père Dutilleux expire en paix.

(Don Bosco, l'Apôtre des Jeunes, G. Hünermann)

Commentaires

  • Difficile de comprendre que la Providence ait voulu des clercs à l'intercession si puissante et à la bonté si évidente, des laïcs si prolifiques pour le règne social du Christ au XIXe siècle, mais pas pour le petit XXe. Comme si Notre Seigneur répétait pour nous les propos qu'Il tenait à ses contemporains et néanmoins coreligionnaires : génération incrédule...

  • La lèpre moderniste, culminant à Vatican II, a stérilisé les vocations, mais il y en a encore, cachées et tout aussi efficaces qu'au XIXe siècle. Mais la déferlante du mal ne les rend pas aisément visibles.

  • De ces vocations, vous en êtes une, cher Dauphin. Un de ces martyrs qu'on fera peut-être bouillir dans le vin de noix et qui en sortiront (dans quel état meilleur ou pire que celui dans lequel vous êtes aujourd'hui ?), tel saint Jean l'Evangéliste, pour encore témoigner.

  • Cher Stavrolus, je vous retourne le compliment et je pense bien que les bourreaux, par délicatesse, choisiront le whisky pour vous (qui a l'avantage de s'évaporer plus vite que le vin de noix).
    Mais le pire martyre, c'est d'avoir Macron comme président, martyre lent et renouvelable tous les 5 ans grâce aux machines à voter. Ils devraient inventer les machines à apostasier pour éviter de martyriser par erreur des apostats. "Avez-vous votre certificat d'apostasie?" "euh, non...", "à la marmite!".

  • Le diable a aussi ses martyrs. Macron en est et j'espère le voir témoigner jusqu'au bout.

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