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Ce qu’est la guerre en Ukraine

Lu chez Bruno Bertez :

Je pense que cette guerre est bien plus qu’un conflit entre la Russie et l’Occident.

Je n’ai de cesse de le démontrer et de le prouver jour après jour à partir de l’actualité.

Ce n’est pas non plus un conflit entre deux philosophies ou deux visions du monde.

C’est un conflit en amont des conceptions philosophiques, c’est un conflit au niveau du rapport entre l’homme et ce qui nous fait homme : le langage. Ce qui est en cause c’est le rapport entre l’homme et le Verbe. C’est ce rapport qui a été modifié, déconstruit, en Occident.

Dans cette société Occidentale moderne tout vient d’en haut, car l’homme est Dieu. Il crée même l’Homme et la Femme ; ou plutôt il les nullifie. Il ne respecte plus rien. Rien ne lui est dicté.

C’est le conflit entre d’un côté une société qui est devenue incapable de penser le réel autrement qu’idéologiquement et de l’autre une société qui est encore attachée à des formes anciennes de représentations, à des formes produites par le réel, articulées au réel, à l’histoire, à la nature.

Le conflit vient du fait que nous avons en Occident autonomisé la sphère du langage et de l’imaginaire que le langage véhicule ; nous créons notre réel. Nous avons été dépassés par notre outil. Nous avons donné une forme de vie à ce qui n’est qu’un ensemble de signes. Nous avons disjoncté d’avec le monde.

Le langage, maintenant, il s’est libéré du réel et il a sa propre combinatoire, sa propre grammaire, sa rhétorique, bref son autonomie. Cette libération du langage, qui équivaut à la libération de la monnaie par rapport à la richesse réelle, donne aux hommes un sentiment de totale puissance. Ils sont rivaux des dieux, ils sont enivrés par leur lutte prométhéenne. Pour eux il n’y a plus de limite, plus de pesanteur, plus de mort presque. Le monde finalement est à eux. 

L’Occident a perdu la référence avec le monde, avec la finitude, avec la matérialité. Si elle le gêne, il les nie ; tout devient abstrait, tout se dématérialise. La digitalisation sous cet aspect a été une catastrophe avec l’envolée du virtuel.

L’Occident adore le mythe du pouvoir total de l’individu, du capital auto-accumulé, du pouvoir de la volonté individuelle. Il pense que la volonté individuelle peut vaincre la biologie, la physique, l’histoire… et même la comptabilité, n’est-ce pas FTX ?

« Vous pouvez être tout », promettent les prédicateurs modernes protestants.

C’est une vision psychopathique typique, un monde centré sur l’ego. L’ego lui-même étant une constitution par le Verbe. Là où nous sommes, dans notre inconscient nous sommes structurés par le langage et par les structures de ce langage moderne libéré. La volonté démiurgique de transgression qui habite nos sociétés occidentales n’est pas que sexuelle, elle est généralisée, elle va se généralisant. Elle devient envahissante.

Le lien avec le protestantisme mériterait également d’être creusé car ce n’est pas un hasard si dans la guerre actuelle, ce sont les anglo-saxons qui sont les plus acharnés. Ils défendent « leur identité » si on peut dire, - je dis si on peut dire car en fait ce n’est pas une identité, c’est une névrose.

La Russie représente l’ancien monde organique. C’est juste un État national défendant ses valeurs fondamentales, défendant son essence enracinée. Dans le monde russe, l’impératif public ou commun est plus important que la volonté individuelle.

Ce n’est pas un hasard si en Occident les couches dites populistes, ringardes, étiquetées « laissés pour compte » sont en général du côté russe et des valeurs traditionnelles et non pas du côté des « valeurs éveillées » occidentales. Chez les sans-dents et les complotistes la névrose de l’autonomisation du langage et de la parole n’a pas encore accompli ses ravages.

Mais l’Occident est maintenant en contradiction. Il est pris dans une terrible contradiction ; attaqués, ou se croyant attaqués, les défenseurs de la « liberté » incitent à la censure.

Ils sont obligés de nier les libertés individuelles fondamentales, liberté de penser, liberté de s’exprimer, liberté de la presse, etc. ;  ils sont obligés de s’opposer aux « volontés individuelles » ! 

Ils veulent exercer le contrôle par leur imaginaire, par leur névrose sur notre vie, sur notre corps. Ils veulent même contrôler l’organique, le naturel, tout ce qui ne rentre pas dans leur folie ; tout ce qui résiste à l’extension de leur bulle, ils sont obligés de lutter contre toutes failles, toutes les non-conformités.

On le voit dans les médias, dans les universités et les grandes entreprises technos, dans l’appareil d’Etat, les pressions pour la normalisation de l’anormal sont colossales et laissent très peu d’espace aux gens que je qualifierais ici d’organiques.

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