La dérussification bat son plein en Ukraine. Tandis que le Parlement monoparti a interdit l’importation de toute publication russe, la grande affaire est de supprimer Pouchkine de l’espace public. La statue de l’écrivain maudit a été enlevée dans une dizaine de villes, et le théâtre de Kharkiv a été débaptisé dans le cadre de la politique gouvernementale impliquant de « débarrasser l’espace public des récits de propagande ». Toutefois le maire d’Odessa dit ne pas avoir l’intention de renommer la rue Pouchkine. Ni, curieusement, de supprimer la grande statue de Catherine II qui domine le port… Plus important encore est la purge des bibliothèques. D’abord on va enlever les livres pro-russes, puis les livres russes parus depuis « l’indépendance », puis la littérature russe classique. Un autodafé estimé à 100 millions d’ouvrages, ce que justifie la directrice de l’Institut ukrainien du livre, au motif que Pouchkine et Dostoïevski ont « jeté les bases d’un “monde russe” et d’une forme de messianisme ».
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La société Mattel bannit plus de 400 mots de la liste officielle des mots du Scrabble, afin que le jeu soit plus « inclusif ». Car il faut exclure pour être inclusif.
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Pronouns matter : les pronoms comptent. La banque britannique Halifax a été fière d’annoncer que désormais ses employés portaient un badge indiquant le pronom qui caractérise leur genre.
A un client qui protestait, la banque a répondu « Si vous n’êtes pas d’accord avec nos valeurs vous pouvez fermer votre compte. »
Ce qu’on fait immédiatement des dizaines de clients, voire même semble-t-il des centaines.
(Aux Etats-Unis il est devenu très courant de voir sur les fiches des cadres d’entreprises ou sur les porte-noms des intervenants aux colloques et conférences, et sur les comptes Twitter, etc., la mention des pronoms définissant le genre de la personne. Jusqu’ici je n’ai pas vu de mouvement de rejet de cette absurdité.)