Extraits d’un entretien, lundi dernier, avec le colonel Doug Macgregor, qui fut le premier conseiller du Pentagone pendant les derniers mois de la présidence Trump.
En ce moment il est clair que ce qui reste d’actif dans les forces ukrainiennes est complètement encerclé, brisé, et isolé dans diverses villes. Les forces ukrainiennes sont incapables de quoi que ce soit en dehors d’attaques de piqûres d’épingle sur quelque chose qui ne paraît pas solide ou dangereux.
La question pour les Russes depuis le tout début a été : comment nous procédons sans tuer un grand nombre de civils et infliger beaucoup de dégâts matériels, et Poutine a donné des ordres très stricts dès le commencement qu’ils devaient éviter ces choses-là. Le problème est qu’en les évitant cela a ralenti la progression de l’opération au point que ça a donné un faux espoir aux Ukrainiens, mais a été saisi par l’occident pour tenter de convaincre le monde que la défaite est en vue alors qu’en réalité c’est le contraire.
La guerre elle-même à ce stade du jeu pourrait être terminée très rapidement et définitivement si Poutine donnait l’ordre à ses troupes d’ignorer le souci pour les civils et les dégâts matériels, mais il ne l’a pas fait, il continue de négocier même s’il reconnaît que les gens assis en face de lui ne sont pas en position de faire ce que l’on attend d’eux. On leur dit ce qu’ils doivent faire et il est évident que Washington veut que ça continue aussi longtemps que possible dans l’espoir que la Russie subira de terribles dommages. Mais je ne vois pas cela arriver.
Je pense que ce qui intéresse les Russes est ce que vous voyez sur la carte, ils sont allés vers les grandes villes, ils essaient d’éviter la partie centrale de l’Ukraine parce que c’est une zone agricole et on a demandé aux troupes russes de rester en dehors des champs. Les Russes savent qu’on est sur le point de semer en Ukraine, cela ne les intéresse pas de détruire les récoltes de blé et d’orge. Donc la question maintenant est que les Russes contrôlent tout ce qui était bon pour eux à contrôler. Vous entendez tout le temps qu’ils n’ont pas étendu leur contrôle du territoire. Mais cela ne les intéresse pas, toute l’opération depuis le premier jour est centrée sur la destruction des forces ukrainiennes, ce qui est largement accompli à l’exception de celles qui sont encerclées.
Ils ont un grave problème à Marioupol où il y a en gros 3.000 de ces fanatiques combattants du régiment Azov qui refusent de permettre aux civils de sortir de la ville. J’ai vu ce matin (14 mars) une vidéo de ces soldats d’Azov qui disaient à la population : Vous ne pouvez pas partir, même si les Russes ont ouvert un couloir humanitaire. Mais ces choses ne sont pas dites en occident parce qu’elles abîmeraient le récit.
Habituellement, ceux qui gagnent ne montent pas d’opérations sous faux pavillon, or aujourd’hui les Russes sont clairement vainqueurs sur le champ de bataille. Donc je ne vois pas de raison pour laquelle ils monteraient des opérations sous faux pavillon. Si les Ukrainiens veulent faire un ultime effort pour nous entraîner ils pourraient certainement en venir à utiliser les substances biochimiques des laboratoires s’ils peuvent en faire des armes et les utiliser, ou simplement lancer un missile d’origine russe en Pologne et prétendre que ce sont les Russes qui l’ont fait. Ça c’est une possibilité dont nous devons nous alarmer, mais je ne vois pas les Russes faire ce dont ils n’ont pas besoin.
Commentaires
Je ne sais pas où en est l'opinion publique en France. Il y a beaucoup de gens qui gobent le récit des médias de grand chemin. Je n'écoute pas tellement parce que ça m'horripile, mais disons que, dans ce récit, Poutine est une sorte de nouvel Hitler, un paranoïaque qui s'en est pris à un pays innocent et dont l'armée de "chiens" (comme dirait BHL) commet bavure sur bavure avec une sauvagerie inouïe parce qu'elle est en train de perdre la guerre.
Tout à l'heure, j'expliquais à des élèves de quatrième la différence entre tyrannie et dictature. Il y en a un qui m'a demandé : "Monsieur, Poutine, c'est un dictateur ou un tyran ?" Je lui ai répondu qu'il y avait des tyrans encore beaucoup plus près de chez nous.
C'est curieux parce que les gamins ne regardent pas tellement la télé. Ils sont toujours collés sur leur téléphone et ont donc théoriquement accès à une information pluraliste. Une certaine curiosité et le mouvement naturel de révolte qui accompagne l'adolescence devraient les porter à rechercher autre chose que la version officielle et politiquement correcte des événements. Je suis peut-être un doux rêveur qui reconstruit son propre parcours...
Le système est aussi parvenu à capter la curiosité des adolescents et à l'orienter vers la diversité des perversions sexuelles que proposent certains sites. Le politiquement incorrect, pour beaucoup d'entre eux, doit se résumer à la pornographie.
Moi je ne la ramène pas trop. Si demain un attentat sous faux drapeau qui ferait des millions de morts est imputé à Poutine, je ne tiens pas à finir déchiqueté par mes élèves comme lors de la Révolution culturelle...
La collectivité est chimpanzesque. Elle ne fonctionne qu'à la pulsion primaire. Le cardinal Ottaviani, au cours des discussions sur la collégialité épiscopale lors du concile Vatican 2, avait dit que le seul exemple de collégialité épiscopale qu'il connaissait était celle des Apôtres détalant comme des lapins au moment de l'arrestation de Notre Seigneur (merci à l'abbé Puga).
Cela marche avec toutes les pulsions primaires.
Il semble qu'il y ait quand même beaucoup de civils atteints par cette guerre, et il y a des millions de personnes qui fuient leur pays: comment y être insensible?
Que la Russie considère, pour des raisons historiques, que l'Ukraine est à elle, peu importe: ce pays existe depuis un siècle, ce qui fait beaucoup: plusieurs générations. A cette aune, l'Alsace n'avait que deux siècles d'appartenance française contre des siècles (et une langue) d'appartenance germanique en 1870. Et quand Xi attaquera Taïwan, dira-ton que ce pays n'est indépendant que depuis 1950, et que son régime ne s'appelle pas pour rien la République de Chine?
J'espère enfin que vous n'allez pas vous fâcher avec un de vos amis que je ne nommerai pas mais qui a publié hier sur son blog des propos pas très gentils sur vous (sans vous nommer). Il ne pourrait pas en parler avec vous au téléphone au lieu de publier tout ça ?
Quant à la prière du pape, elle rappelle que Jésus s'est identifié aux plus faibles, démunis, pauvres. N'y a-t-il pas des histoires où Jésus se "cache" en un pauvre, pour tester la charité d'un chrétien?
@éric Ce qui est insupportable , c'est le 2 poids, 2 mesures. Les millions de réfugiés des guerres au Liban, Serbie, Libye, Irak, Syrie etc, etc, etc ne déclenchaient pas tant de larmes de crocodile. Les USA et l'OTAN ont semé le chaos et ce sont les civils qui trinquent, comme d'habitude