Parmi les saints du martyrologe romain, aujourd’hui, il y a saint Taraise, Tarasios, patriarche de Constantinople de 784 à 806. C’est la fête de ce jour dans la liturgie byzantine.
Taraise était le chef des secrétaires impériaux quand l’impératrice Irène le fit élire patriarche de Constantinople, avec pour mission de combattre l’iconoclasme qui défigurait l’Eglise (et faisait des martyrs) avec l’appui jusque-là des empereurs. La pape Adrien fut d’abord mécontent qu’on mette sur le siège de Constantinople un homme qui était un simple laïc, et il le fit savoir, mais il ne put qu’appuyer le projet d’un concile contre l’iconoclasme. Taraise fut sacré et intronisé le jour de Noël 784. La dernière réunion préparatoire au concile, le 31 juillet 786, fut dispersée par des soldats iconoclastes. Le concile devait commencer le lendemain. Mais les troubles furent pires que la veille. A priori le concile était abandonné. En réalité il fut préparé dans le plus grand secret, tandis qu’Iréne éloignait les troupes iconoclastes et faisait venir des soldats iconodules. Pour plus de sécurité le concile se tint à Nicée. Ce fut Nicée II, sous la présidence de Taraise, du 24 septembre 787 au 23 octobre suivant : le septième et dernier concile œcuménique de l’Eglise indivise, dont les actes, d’une grande importance, définissent la légitimité et l’utilité des images sacrées et la vénération qui leur est due. Jean-Paul II a publié une lettre apostolique pour le 12e centenaire.
Taraise fit rechercher les reliques des martyrs de l’iconoclasme et les transféra dans un monastère de Constantinople, et il construisit le monastère qui porta ensuite son nom et dans lequel il se fit enterrer.
Le premier tropaire de son office fait allusion à son courage dans la tenue du concile :
Ὑπὲρ τὸ ζῆσαι Παμμάκαρ θανεῖν προθέμενος, τὴν τοῦ Χριστοῦ εἰκόνα, προσκυνεῖσθαι προστάττεις, καὶ πάντων τῶν Ἁγίων· ὅθεν λοιπὸν αἱρετιζόντων τὰ στόματα, Δαυϊτικῶς ἐνεφράγη, κατὰ Θεοῦ, τῶν λαλούντων ἀδικίαν πολλήν.
Préférant la mort à la vie, Bienheureux, tu ordonnas de vénérer l'icône du Christ et de tous les saints ; et de la sorte, selon le psaume de David, tu fermas la bouche des hérétiques qui parlaient avec tant d’iniquité contre Dieu (psaume 62,12).
Commentaires
La liturgie romaine, de 1863, je crois, à 1955, faisait lire un texte de saint Taraise aux matines du 12 décembre (dans l'octave de l'Immaculée Conception) :
https://archives.leforumcatholique.org/consulte/message.php?arch=2&num=452576
En effet, merci. Et c'est un texte vertigineux: exposé de l'Ecclesia ab Abel, vue comme la Mère de Dieu, catalogue des (autres) prophéties mariales de l'Ancien Testament, résumé de l'Acathiste avec au milieu l'expression de l'Axion esti de la divine liturgie qui est aussi chanté au début de l'Acathiste et que vous aviez citée en titre: Τὴν τιμιωτέραν τῶν Χερουβεὶμ καὶ ἐνδοξοτέραν ἀσυγκρίτως τῶν Σεραφείμ... Toi qui es plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins.
Je viens de trouver le texte entier, c'est le dernier du tome 98 de la Patrologie grecque. Comme je m'en doutais, le bréviaire ne donne que trois brefs extraits d'une homélie qui fait dix pages chez Migne (et qui est la seule que l'on ait de saint Taraise alors qu'il prêchait chaque jour et que des secrétaires notaient tout ce qu'il disait...).