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Les saints Innocents

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(Duccio)

Comme l’hymne des laudes et des vêpres, l’hymne des matines est formé de strophes du grand poème de Prudence sur l’Epiphanie, qui en comporte 52.

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Audit tyránnus ánxius
Adésse regum Príncipem,
Qui nomen Israël regat,
Teneátque David régiam.

L’inquiet tyran vient d’apprendre la naissance du Roi des rois, de celui qui doit régir Israël, et occuper le trône de David.

Exclámat amens núntio:
Succéssor instat, péllimur:
Satélles, i, ferrum rape,
Perfúnde cunas sánguine.

A cette nouvelle, il s’écrie tout éperdu : « Un compétiteur s’approche et va vous détrôner ; allez, satellites, prenez le fer, inondez de sang les berceaux.

Quid próficit tantum nefas?
Quid crimen Heródem iuvat?
Unus tot inter fúnera
Impúne Christus tóllitur.

A quoi sert un tel forfait ? Quelle est pour Hérode l’utilité de ce crime ? Seul, le Christ échappe à ce grand carnage et il se trouve en sûreté.

Jesu, tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre et almo Spiritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.

Gloire à vous, ô Jésus, qui êtes né de la Vierge ; gloire au Père, et à l’Esprit divin, dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.

Ci-après les 13 strophes du poème de Prudence qui évoquent les saints Innocents. En italique les strophes reprises pour l’hymne ci-dessus. Traduction dom Guéranger.

Audit tyrannus anxius
adesse regum principem,
qui nomen Israel regat
teneatque David regiam.

Exclamat amens nuntio,
successor instat, pellimur;
satelles i, ferrum rape,
perfunde cunas sanguine.

Mas omnis infans occidat,
scrutare nutricum sinus,
interque materna ubera
ensem cruentet pusio.

« Tuez tout enfant mâle, cherchez jusque dans le sein des nourrices ; que l’épée égorge le fils sur la poitrine même de la mère.

Suspecta per Bethlem mihi
puerperarum est omnium
fraus, ne qua furtim subtrahat
prolem virilis indolis.

« Je soupçonne quelque fraude de la part des mères de Bethlehem ; je crains que quelqu’une ne soustraie son enfant du sexe mâle. »

Transfigit ergo carnifex
mucrone destricto furens
effusa nuper corpora,
animasque rimatur novas.

 Un bourreau, dans sa fureur, transperce du glaive ces petits Corps à peine nés a la vie ; il poursuit une vie toute nouvelle en eux.

Locum minutis artubus
vix interemptor invenit,
quo plaga descendat patens
juguloque major pugio est.

Sur ces faibles membres, à peine le meurtrier trouve-t-il place aux blessures ; son épée dépasse en largeur la gorge même de ses victimes.

O barbarum spectaculum !
inlisa cervix cautibus
spargit cerebrum lacteum
oculosque per vulnus vomit.

O spectacle barbare ! la tête des enfants, brisée contre la pierre, répand la cervelle blanche comme le lait, et les yeux sortent par l’horrible blessure.

Aut in profundum palpitans
mersatur infans gurgitem,
cui subter artis faucibus
singultat unda et halitus.

Ailleurs l’enfant palpitant est précipité dans un gouffre profond ; son faible gosier dispute cruellement le passage à l’eau.

Les deux strophes suivantes sont celles de l’hymne des laudes et des vêpres.

Salvete flores martyrum,
quos lucis ipso in limine
Christi insecutor sustulit,
ceu turbo nascentes rosas.

Vos prima Christi victima,
grex inmolatorum tener,
aram ante ipsam simplices
palma et coronis luditis.

Quid proficit tantum nefas,
quid crimen Herodem juvat ?
unus tot inter funera
inpune Christus tollitur.

A quoi aura servi un tel forfait ? quelle utilité apporte ce crime à Hérode ? Seul le Christ échappe au massacre général.

Inter coaevi sanguinis
fluenta solus integer
ferrum, quod orbabat nurus,
partus fefellit Virginis.

Au milieu des flots du sang des enfants d’un même âge, le fruit de la Vierge évite seul les atteintes du fer qui désolait les mères.

Sic stulta Pharaonis mali
edicta quondam fugerat
Christi figuram praeferens
Moyses, receptor civium.

Ainsi fut soustrait à l’édit insensé de l’impie Pharaon, Moïse, libérateur de son peuple et figure du Christ.

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