Protéctor noster, áspice, Deus, et réspice in fáciem Christi tui : quia mélior est dies una in átriis tuis super mília.
Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum ! concupíscit, et déficit ánima mea in átria Dómini.
Dieu, notre protecteur, jetez les yeux sur nous, et regardez la face de votre Christ ; car un jour passé dans vos parvis vaut mieux que mille autres.
Que vos tabernacles sont aimés, ô Dieu des vertus ! mon âme est consumée d’un ardent désir et défaille en pensant aux parvis du Seigneur.
L’introït de ce dimanche demande instamment à Dieu de nous regarder (enlevez vos masques) : aspice, avec le saut sol-do pour attirer l'attention du Seigneur, respice, avec l’insistance sur la note sol, de nous voir dans le Christ, parce que un seul jour dans la demeure divine est meilleur que mille jours ailleurs. La première phrase culmine logiquement sur Christi, qui est le sommet de la mélodie. La deuxième phrase sur una et millia, les deux mots antinomiques, et l’on remarque que le mélisme sur millia est le plus long et qu’il exprime une parfaite plénitude, alors qu’il s’agit de ces mille jours terrestres qu’on méprise pour préférer le seul jour divin. Cela paraît annoncer le procédé baroque qu’on voit par exemple dans les cantates de Bach, où le mot Freude (joie) est systématiquement l’objet d’une allègre vocalise même si le texte dit : « Je n’ai plus aucune joie ».